Sunday, November 1, 2015

Lectures : articles sur les Systèmes d’Information Géographique.



Kurt SCHLICHTING. Historical GIS News Ways of Doing History.

Dans cet article, K. Schlichting réalise une critique du livre d’Anne Kelly Knowles Placing History : How Maps, Spatial Data, and GIS Are Changing Historical Scholarship (2008). Cette présentation est commentée de quelques réflexions sur l’utilisation des Systèmes d’Information Géographique en Histoire. 
K. Schlichting nous informe que Placing History est un livre composé de dix chapitres avec différents auteurs selon les chapitres.
Les différentes parties abordent les liens entre les SIG et l’Histoire, puis l’aspect théorique et méthodologique  des SIG, et enfin les applications et les utilisations des SIG. L’ensemble veut montrer comment les SIG peuvent servir à retravailler les connaissances historiques met aussi pour servir à l’enseignement.
L’auteur fait cependant apparaître plusieurs problèmes dans ce livre.
Tout d’abord il dit que l’utilisation de l’ouvrage nécessite des connaissances avec les SIG. Il insiste sur le fait qu’aujourd’hui les SIG font de plus en plus partie de nos vie (il donne en exemple Google Maps et Google Earth), mais cela ne suffit pas à les comprendre et donc le lecteur n’a pas forcément les bagages pour utiliser ce livre même avec cette familiarité. 
Ensuite, il approuve la présence de nombreuses cartes qui viennent illustrer le propos mais il regrette que leur beauté cache la difficulté et le temps passé à les réaliser.
Il regrette également l’absence de discussion sur le coût des SIG. De même, il pointe l’absence de discussion sur les logiciels de SIG.

L’auteur : Kurt SCHLICHTING est professeur au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Fairfled (Connecticut).

David J. BODENHAMER. History and GIS : implicaiton for the discipline.

                Ce texte écrit par David J. Bodenhamer est le chapitre 9 du livre d’Anne Kelly Knowles Placing History : How Maps, Spatial Data, and GIS Are Changing Historical Scholarship (2008).
L’auteur critique les historiens en essayant de les avertir qu’ils sont en retard et qu’ils ont du mal à s’adapter à l’utilisation des nouvelles technologies. Il tente de montrer à quel point les SIG sont utiles à l’Histoire. Il montre notamment que les SIG peuvent permettre d’étudier de façons de plus en plus précises l’Histoire et d’étendre nos connaissances. Les SIG sont pour lui un nouveau moyen d’interpréter les données.
                Ce chapitre à un côté assez philosophique en confrontant Histoire et les nouvelles technologies des SIG. Est-ce l’Histoire qui doit s’adapter  aux SIG ou est-ce les SIG qui doivent s’adapter à l’Histoire ?  

L’auteur : David J. BODENHAMER est professeur d’Histoire à l’Université de l’Indiana.

David A. FYFE, Deryck W. HOLDSWORTH, Chris WEAVER. Historical GIS and Visualization Insights From Three Hotel Guest Registers in Central Pennsylvannia 1888-1897.

                Cet article présente un exemple d’utilisation des SIG pour « faire de l’Histoire ». Les auteurs ont étudié des registres de trois hôtels de Pennsylvanie datant des années 1888 à 1897. Ils tentent de montrer, avec des cartes comme preuves, comment utiliser les SIG pour valoriser les données récoltées.
Ils disent qu’il existe une longue tradition entre les disciplines historiques et géographiques. Pour eux l’utilisation des SIG permet d’arriver à des résultats plus aboutis dans la recherche.
Cet exemple de valorisation de données récoltées dans les archives montre l’utilité des SIG. Grâce à cela ces auteurs réussissent à faire apparaître certaines informations des archives étudiées.
Cependant à la lecture de cet article, les travaux d’étude des archives, le rassemblement des données puis leur gestion afin de les préparer pour réaliser des cartes semblent chronophage pour des résultats qui peuvent être incertains.

Les auteurs : David A. FYFE est professeur au Collège York de Pennsylvanie, Deryck W. HOLDSWORTH et Chris WEAVER sont professeurs à l’Université d’État de Pennsylvanie.

J. B. OWENS. What Historians Want from GIS.

                J. B. Owens commence cet article par raconter son cheminement personnel vers l’utilisation des SIG en Histoire. L’origine de son parcours est la lecture de Fernand Braudel La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II  dans le cadre de son étude de l’ouest méditerranéen au XVIe siècle. Il comprend l’importance de la géographie dans la discipline historique.
Il pense que l’utilisation des SIG peut-être une solution aux problèmes de l’Histoire. Il dit que pendant longtemps les principaux historiens se sont refusés aux nouvelles technologies. Selon lui, il faut aujourd’hui s’ouvrir aux SIG notamment parce qu’elles permettent le travail collaboratif. Il évoque ensuite la mise en place d’un nouveau cursus d’enseignement à l’Université de l’Idaho consacré aux SIG. Pour l’auteur, l’Histoire doit aujourd’hui s’ouvrir aux autres disciplines notamment grâce aux SIG.

L’auteur : J. B. OWENS est professeur d’Histoire à l’Université d’Etat de l’Idaho.

Ian GREGORY. Debate : What can GIS offer World History ? Ian GREGORY Position paper.

                Pour I. Gregory les SIG offrent de multiples intérêts aux historiens.
Elles permettent de revoir certaines connaissances et modèles. Il donne comme exemple une carte qu’il a réalisé sur la mortalité infantile en Angleterre et au Pays de Galles de 1850 à 1900. Sa carte lui a permis de mettre en évidence que des connaissances sont erronées (dans ce cas la carte lui permet de voir que certaines théories sur la diminution de la mortalité infantile étaient fausses).
Cependant, l’auteur est sceptique sur les SIG pour plusieurs raisons.
Les SIG permettent de changer des visions traditionnelles de l’Histoire en revoyant des modèles. Cependant, si les cartes montrent de choses différentes de ce que l’on croyait, elles n’expliquent pas ce que l’on observe. Dans l’exemple, grâce à la carte, il voit que les théories sur la mortalité infantile sont fausses, mais celle-ci n’explique pas pourquoi ce que l’on observe est différent de ce qui était connu.
Il pense que les SIG utilisent beaucoup de ressources économiques et temporelles pour leur réalisation.
Il dit aussi qu’il n’est pas toujours facile de transformer des données culturelles en données statistiques utilisables pour une carte.
Enfin, il termine sur le fait que l’Histoire est une discipline littéraire qui préfère les mots aux images.

L’auteur : Ian GREGORY est professeur à l’Université de Lancaster.

The interactive Nolli Map of Rome Website.

The interactive Nolli Map of Rome Website.


Principaux contributeurs :

James Tice (professeur d’architecture à l’université d’Oregon), Erick Steiner (« Dynamic cartography researcher » au département d’infographie à l’Université d’Oregon)

Ce site internet permet d’explorer la carte de Rome faite par Nolli en 1748. Giambatttista Nolli est un architecte qui vécu à Rome et voua sa vie à la documentation architecturale et à la fondation de la ville urbaine. En effet, le document de Nolli est considéré, par les savants, comme le plus important document sur la ville éternelle. La carte de Nolli se constitue de douze plaques de cuivres gravées qui mesurent six pieds de haut et sept pied de large.
Cette carte permet de géolocaliser de nombreuses informations pour mieux comprendre la ville de Rome mais aussi son rôle clés dans l’élaboration de la civilisation occidentale. De fait, Nolli représente la ville de manière détaillée. On retrouve deux milles sites d’importances culturelles. La carte de Noli prouve une évolution nette dans la science et la cartographie. Elle est la première carte précise de Rome depuis l’Antiquité. Comme le centre historique de Rome n’a pas vraiment changé depuis deux cent cinquante ans, ce document reste la meilleure source pour comprendre la ville contemporaine.
            La navigation sur le site se divise en grand thème, les caractéristiques naturelles et éléments du paysages, l’architecture et le design urbain, les facteurs sociaux et la cartographie. Au sein de chaque module, il y a une étude d’intérêt que la carte de Nolli contextualise. La navigation sur la carte elle même est aussi possible et permet d'avoir un réel aperçus de la Rome de 1748. 
Voici quelques captures d'écran : 



 Ce site permet aux étudiants de se familiariser avec Rome mais aussi avec sa structure urbaine. Ce document illustre l’évolution de la ville à travers les âges et surtout révèle les facteurs qui ont permis son développement. C’est un vrai parcours dans Rome.

Le but historique est de prouver que les formes urbaines peuvent influencer la conception d’une ville future. Les historiens ont alors tout intérêt à consulter cette carte pour avoir une vue à un moment donné et comprendre les évolutions par la suite. Ils peuvent ensuite émettre des hypothèses. Le site écrit « the Nolli map has to offer, leading to new urban theories and a model for the study of all cities», pour eux, la connaissance de cette carte permet de comprendre les modèles de toutes les autres cités. Il existe cependant des disparités à chaque construction de ville. Car l’exemple de la ville de Rome est relatif à lui même. De fait, même si l’évolution des villes peut se faire par rapport à son centre historique, elle peut aussi évoluer suivant les besoins de cette dernière. Lyon par exemple n’est pas constitué autour de son centre historique. Cependant ce site est un fabuleux voyage dans la carte de la cité éternelle. Son déroulé est claire et permet une réelle investigation du coté de l'architecture urbaine. 

The Interactive Noli Map Website



              Le site « The Interactive Noli Map Website » est crée en 2004 / 2005. Il est le résultat d’une collaboration entre des professeurs et des étudiants du département d’architecture et du département de géographie de l’université de l’Oregon.
                Ce site valorise une source historique : une carte de la ville de Rome, Nuova Pianta di Roma, datée de 1748 et réalisée par l’architecte et cartographe italien Giambattista Nolli (1692-1756). Cette carte est une référence importante pour l’étude la Ville.

Le site est entièrement consacré à la carte de Nolli. Il propose comme son nom l’indique une version interactive de la carte.
Les principaux objectifs présentés par les créateurs sont d’offrir aux chercheurs et aux étudiants un accès facile et complet à cette source, d’en faciliter la lecture en accédant à un contenu de haute qualité et de proposer également des informations en lien avec la carte. Il s’agit vraiment pour eux de rendre accessible un élément incontournable pour celui qui souhaite travailler sur Rome. 

En allant sur le site, les visiteurs trouvent la « Nolli Map Engine ». Cet outil permet d’accéder à l’intégralité de la carte de Nolli sous forme interactive. Il est possible de se déplacer sur la carte et d’effectuer des zooms. L’outil propose ensuite plusieurs fonctionnalités pour faire apparaître ou du moins ressortir d’une manière plus ou moins fortes (selon le réglage) certains détails de la carte comme les fontaines, les routes, les jardins, les portes, les enceintes et le Tibre.
L’outil propose aussi des explications pour les dessins situés sous la carte. Une fonction permet de comparer la carte à des vues satellites. Enfin, il est possible d’imprimer une vue. 


 La carte interactive de Nolli proposée par ce site.



Le reste du site sert de support à la carte interactive avec  tout d’abord une présentation de la carte et de son auteur, un index, un glossaire, différents articles  et une bibliographie.
Il existe aussi sur ce site un contenu commercial. Il est possible d’acheter des copies de différentes tailles de la carte.

                Aujourd’hui, le site ne semble plus à jour et délaissé depuis un certain temps.

 Lien vers le site : carte de Nolli.

Jérôme Bellet

VIRTUAL SHANGHAI


Ce site, voulu par des universitaires français et américains, a pour but premier de retracer l'histoire spatiale de la ville de Shanghai, en Chine, entre le XIXème siècle et le XXème siècle. A partir des années 2000, la première mission que se sont donnés les chercheurs a consisté à organiser une importante banque de données photographiques en lien avec l'histoire et le développement de la ville de Shanghai. Or, c'est dans le même temps que l'utilisation des SIG a commencé à se répandre, ce qui a incité les chercheurs à se pencher sur ce nouvel outil et à l'adapter à leur projet. Peu à peu, l'idée de faire une histoire "spatiale et visuelle" de Shanghai a vu le jour.
En réalité, ce que les chercheurs ont voulu faire, c'est avoir une approche novatrice de l'histoire urbaine en s'appuyant sur des documents "traditionnels" tels que les textes (y compris les articles de recherche) mais aussi sur des ressources relativement peu exploitées, notamment les images puis, par extension, les cartes. Ainsi, le site se compose de trois bases de données principales : les documents écrits, les images, et les cartes. Pour autant, ce vaste chantier nécessite du temps. Si, pour l'heure, la récolte des données photographiques est bien avancée, la constitution des cartes à partir de SIG est encore en cours. Cette expérimentation a par ailleurs suscité des engouements puisque plusieurs projets similaires ont vu le jour pour d'autre ville d'Extrême-Orient (Pékin, Tianjin, Hankou). Certains de ces sites sont accessibles en français, ce qui est plutôt positif. 

Nous l'aurons compris, afin d'apporter un nouvel éclairage sur le développement urbain de Shanghai, de très nombreux documents ont été récoltés. C'est ainsi que les auteurs du site mettent en avant une nouvelle vision de l'histoire de Shanghai. Traditionnellement, on a toujours vu le développement urbain de ce territoire par le prisme de la modernisation et de l'occidentalisation (en définitive, une marche progressive vers la "civilisation"). Cependant, grâce au travail entrepris, les historiens ont pu remarquer que c'est avant tout par le biais des conflits et des guerres que la morphologie urbaine de Shanghai a évolué. En effet, entre 1842 et 1952, ce territoire connaît une multitude de conflits qui, à chaque fois, engendre une configuration spatiale différente, modifie les habitudes et les activités des population, et transforme tout le modèle économique, notamment pour ce qui est du lien avec l'arrière-pays. Dans ce domaine, le cas de Shanghai est plutôt significatif puisque la ville a été plusieurs fois détruite puis rebâtie. Pour autant, cela a l'inconvénient d'en faire un cas extrême qu'il paraît difficile de généraliser. Ici, on perçoit bien la volonté de se servir des cartes comme d'un discours en faveur d'une théorie.

Dans ces deux premiers paragraphes, nous avons pu comprendre la démarche et les objectifs de ce site. Toutefois, dans la réalité, l'envergure de ce projet paraît plutôt limitée. En effet, après visite des différentes banques de données, il s'avère qu'elles sont relativement peu étoffée. C'est notamment vrai pour la rubrique "paper" qui ne comprend aucun document. En réalité, seules les rubriques "images", "e-atlas" et "bibliography" comportent des éléments susceptibles d’intéresser l'historien. Cependant, là encore, les données sont assez peu nombreuses. Ainsi, concernant les cartes, nous n'en trouvons que cinq et il s'agit uniquement de numérisation d'anciennes cartes et non de SIG. Par conséquent, deux possibilités s'offrent à nous : soit ce travail est encore en cours, soit ce travail est interrompu. 
Dans un second groupe de rubriques intitulé "IPRAUS Collection", on trouve davantage de données. Pour autant, bien que de très bonne facture, elles ne traitent que de l'état actuel de la métropole de Shanghai, ce qui en fait un outil peu utile pour l'historien car relevant plutôt de la géographie.