Tuesday, November 17, 2015

Les GIS au service de l'histoire des langues

Les professeurs Quentin Atkinson et Russell Gray, de l'Université d'Auckland (Nouvelle-Zélande) présentent en 2012 le résultat de leurs recherches sur l'origine des langues indo-européennes, en faveur de la théorie anatolienne. Deux vidéos sont réalisées à cette occasion, pour appuyer cette théorie et illustrer leur démonstration.

L'article publié dans Nature, accessible sans paiement (au contraire de l'article original publié dans le même journal).

La vidéo qui illustre l'article, réalisée grâce à Google Earth.

La vidéo de Business Insider, qui reprend cette théorie et l'illustre d'une manière plus claire.

Sunday, November 15, 2015

Exploration - L'utilisation des SIG et son évolution

À travers une sélection de cinq sites internet, nous pouvons suivre l’évolution de l’utilisation des Systèmes d'Informations Géographiques dans le cadre de l’étude des sciences humaines. L’angle d’approche choisi au départ, celui de l’histoire, ne peut en effet ici suffire à qualifier les champs de recherche abordés dans ces exemples.

The Valley of the Shadows, ou The Valley Project, est une création du Virginia Center for Digital History de l’Université de Virginie, alimentée entre 1993 et 2007. Il recense et regroupe un très vaste catalogue de documents variés autour de la période de la guerre de Sécession, en se focalisant sur deux comtés américains, le comté d’Augusta en Virginie, et le comté de Franklin, en Pennsylvanie, situés respectivement au Sud et au Nord de ce que l’on pourrait appeler la ligne de démarcation de l’esclavage.

Au-delà de l’utilisation des SIG, la navigation se fait par le biais d’une structure inhabituelle : le menu évoque la forme d’un plan d’un bâtiment, une bibliothèque par exemple. L’ancienneté du projet, pionnier en son genre, lui donne un côté suranné. La plupart des ressources géographiques constitue un ensemble de cartes. Seule celle des batailles de la guerre de Sécession est interactive, sur le même modèle que celle présentée sur le projet Virtual Jamestown.

Mapping the Lakes, sans doute plus tardif quoique nulle date ne soit indiquée, fut produit par le département des arts et des sciences sociales de l’Université de Lancastre, et offre de reproduire sous forme de cartes le trajet poétique des écrivains anglais Thomas Gray et Samuel Taylor Coleridge à travers la région des lacs, dans le nord de l’Angleterre, à la fin du XVIème et au début du XVIIIème siècle. Plus qu’historique, c’est un parcours littéraire qui est dévoilé à nos yeux, à travers la représentation cartographique des journaux, carnets de voyage et lettres des deux auteurs. Le site internet est remarquable par la simplicité de sa navigation, le menu sur la gauche est d’une clarté confondante, et le projet y est analysé et présenté avec une grande rigueur. On peut ainsi prendre connaissance des buts, littéraires et géographiques, que ce sont fixés les chercheurs, ainsi que lire la manière dont ils ont choisi d’exploiter les SIG pour y parvenir.

Les différentes cartes nous permettent toutefois de nous focaliser surtout sur les trajets effectués par les deux poètes, ainsi que de constater leur propension à évoquer un lieu sans l’avoir vraiment visité. Certains éléments présentés sur Google Earth ne me semblent pas offrir davantage d’informations, mais la démarche est néanmoins à signaler par son originalité. Il est à noter que Ian Gregory a fait partie de l’équipe de recherche qui a travaillé sur le projet.

GIS for History, un projet commencé en 2005 par l’Université de l’Illinois, se propose de créer un ensemble de ressources à but clairement pédagogique : la page d’accueil nous offre de choisir entre une consultation estudiantine, ou un éventail de plan de cours professoral. Le tout s’articule autour des grands thèmes de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. Des cartes interactives, dont on peut faire varier les éléments à volonté afin de pointer du doigt certaines nuances, sont accompagnées d’une riche source documentaire sous forme de documents textes ou de sites internet. Ce qui m’a semblé notable, c’est le soin qui a été pris d’attirer l’attention du visiteur sur les risques d’imprécision de la cartographie, en abordant franchement la question : « Comment cette carte déforme les données ? ». En s’appuyant d’abord sur l’exemple des cartes choroplètes, l’ensemble des possibilités y est analysé, et le choix des auteurs argumenté.

A Vision of Britain through Time, réalisé entre 2009 et 2014, constitue ici aussi un recueil de ressources documentaires d’une richesse impressionnante sur la Grande Bretagne entre 1801 et 2001. La particularité de ce site est sa pluridisciplinarité, car non seulement l’histoire et la géographie, mais aussi la statistique, la littérature et les sciences sociales y sont sollicitées. Sur chaque carte présentée, il est possible de faire varier l’information affichée à volonté, afin d’obtenir une carte aussi précise et pertinente que souhaitable. Le site nous fournit de plus une longue explication sur l’utilisation des données présentées, et sur le meilleur moyen de les exploiter. Il me semble que c’est à ce type de travail que pensait Ian Gregory lorsque, au sujet de l’approche qualitative des SIG, il évoquait la possibilité de créer un outil qui ne permette plus seulement à l’utilisateur de lire une histoire, mais de l’explorer seul, par lui-même.

Enfin, le site de l’AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien: approche GEomatique ou ALPAGE, propose une navigation claire et riche à la fois à dans l’histoire de l’espace urbain parisien. Une carte unique, mais dont le choix des éléments affichables donne le vertige. Une approche limpide et pertinente des SIG, une utilisation d’une grande qualité. L’exemple selon moi le plus abouti d’une utilisation historique des ressources numériques de la géographie, grâce à l’interdisciplinarité de l’équipe de chercheurs qui a travaillé sur le projet.


À travers les années, les buts et les méthodes, les Systèmes d'Informations Géographiques ont montré quelle richesse ils pouvaient fournir à un travail de recherche historique, et ces cinq sites nous permettent de constater cette variation et cette évolution.

Thursday, November 12, 2015

Lecture critique : vers un nouveau tournant de l'histoire spatiale ?

Gregory I.N. (2003) A Place in History: A guide to using GIS in historical research. Oxbow: Oxford, chap. 6 & 8

White, Richard (2010), "What is spatial history?, Spatial History lab, Stanford University, 1 February 2010.

Ethington, Philip J. (2007), Placing the past: Groundwork' for a spatial theory of history", Rethinking History, Vol. 11, no. 4, pp. 465-494

Mostern, R. and Johnson, I. (2008) "From named place to naming event: creating gazetteers for history", International Journal of Geographical Information Science, 22, pp. 1091- 1108


Les avancées technologiques des dernières décennies nous permettent-elles de constater un changement significatif dans le rapport entre l’histoire et la géographie, dans le traitement des données historiques ? Peut-on parler d’un tournant dans l’histoire spatiale ?

La première question à se poser est celle de la définition même de l’espace et de l’histoire, et avant encore de la notion de temps. Partant du général au particulier, il importe de comprendre que le temps n’a pas d’existence propre, en cela qu’il ne s’agit que d’une notion qui permet de mesurer un rapport dans le mouvement. Ethington oppose ainsi l’idée du temps naturel, tel que défini par les physiciens, au temps vécu, dont nous avons la perception. Il cite Bergson, Dilthey et James pour affirmer que la notion de présent n’est qu’une composante de la conscience. Partant de là intervient la définition de l’espace.

White cite à ce sujet la triade de Lefebvre, philosophe et géographe français, qui pose la triplicité de l’espace : la pratique spatiale, ie notre occupation de l’espace par le mouvement ; les représentations de l’espace, par des plans, des conceptions, la création, en somme, de l’espace à travers lequel l’homme évolue ; les espaces de représentations, enfin, attachés à un fort symbolisme. Ethington reprend aussi cette triplice de Lefebvre comme un constituant primordial de la définition de l’espace. White affirme cependant que les éléments de cette triplice ne sont pas imperméables les uns aux autres. Il s’oppose de plus à l’approche traditionnelle de la triplice par les historiens, qui s’attarderait davantage sur le langage de la spatialité. Selon White, à toutes les questions concernant la construction des relations spatiales, il existe une réponse unique, celle du mouvement, qui serait le point commun entre tous les éléments. C’est pourquoi selon lui l’approche traditionnelle, par cartographie, est incorrecte, car les cartes et les textes sont statiques, par opposition au dynamisme intrinsèque de l’espace.

Ethington propose une distinction entre le lieu (place)  qui serait subjectif et lié à nos affects, et l’espace, objectif et scientifique. Les lieux sont créés par les actions humaines, qui transforment l’espace en événement, une affirmation reprise par Mostern et Johnson. L’histoire ne serait qu’une carte de ces lieux. Il pose l’utilisation du terme grec topos(oi) comme idéale pour définir l’intersection entre le lieu-temps vécu et l’espace-temps naturel.

Dans ce cadre, les GIS sont des outils pertinents, d’après White, en cela qu’ils permettent la communication entre les cartes et les autres éléments graphiques utilisés habituellement dans l’étude de l’espace, et les travaux qui en dérivent. Il cite l’exemple d’ArcGIS, qui, quoiqu’il ne bénéficie pas d’une prise en main ergonomique, permet le traitement parallèle d’une carte et d’une photographie aérienne. Les GIS rendent les cartes historiques commensurables avec les conceptions modernes de l’espace et de la cartographie.

Toutefois, il ne faudrait pas réduire les GIS au seul aspect cartographique. Des graphiques, des tableurs, et d’autres éléments de visualisation peuvent être traités par ce biais. La carte n’est que la manière de présenter les données traitées. Gregory expose d’ailleurs longuement, à travers une importante série d’exemples de travaux à ce sujet, comment les GIS nous permettent d’appréhender le potentiel de la cartographie pour bien comprendre le monde à l’échelle sociale. Il insiste de plus sur le caractère interactif des GIS, qui, au-delà d’une série de cartes et de texte qui les accompagneraient, comme dans le cas des atlas papiers, permettent une communication active entre l’auteur et l’utilisateur, en cela que ce dernier va pouvoir utiliser les outils ainsi mis à sa disposition pour voyager à travers le travail de l’auteur, créer lui-même ses propres cartes, graphiques, etc. et ainsi mieux comprendre ce qui lui est présenté. Selon lui, les GIS ont permis un changement dans le rôle joué par les cartes dans l’étude historique. Ce qui était avant un produit final est aujourd’hui un outil de la recherche.

White et Gregory s’accordent cependant à dire que le potentiel des GIS est loin d’avoir été entièrement exploité, et que la technologie connaît quelques points qui gagneraient à être améliorés. Si l’on ne peut toutefois pas parler d’une révolution, il est en tout cas pertinent de considérer les GIS et les GISciences comme un pas vers une nouvelle manière de faire de l’histoire.

Monday, November 9, 2015

Des approches spatiales de l'histoire diversifiées

Les cinq sites utilisent les SIG au service de l’histoire mais se distinguent par le public auquel ils s’adressent, le niveau requis pour les exploiter, le domaine exploré, le volume des ressources, l’aspect collaboratif et/ou interdisciplinaire plus ou moins marqué, le caractère évolutif ou figé, la possibilité de se construire un itinéraire de visite, de télécharger des données, leur financement, entre autres.
Les SIG peuvent être conçus comme des outils de travail collaboratifs pour chercheurs à l’image du site ALPAGE relatif à l’information géohistorique sur Paris. Il s’agit d’une réalisation interdisciplinaire associant historiens, géographes, archéologues et informaticiens. Initié sous l’égide de l’ANR, du CNRS et de la ville de Paris, il a ensuite poursuivi son enrichissement grâce à des collaborations moins encadrées entre chercheurs et étudiants, ce qui permet une mise jour annuelle ou bisannuelle. Néanmoins, la récupération de données cartographiques par le visiteur est possible. Plusieurs niveaux d’utilisation sont donc accessibles de la simple restitution à la création de cartes originales à partir des données stockées et personnalisables graphiquement. L’apport original des GIS et ici évident par rapport à un simple support écrit classique.
Dans le domaine de la recherche, le site Mapping the Lakes présente la particularité d’annoncer d’emblée son caractère expérimental : c’est le domaine auquel il s’applique qui est nouveau, à savoir la littérature. Au travers de deux récits de voyage dans la même région écossaise, il s’agit de voir en quoi l’utilisation d’un GIS peut enrichir la compréhension d’un texte littéraire mettant en jeu des lieux et un espace donnés. L’aspect historique est assez peu marqué, mis à part le fait que les deux voyages datent de 1769 et 1802. Les informations cartographiques sont limitées mais l’important n’est pas là pour les chercheurs. Ils s’attachent par contre à développer les problèmes rencontrés, les questions posées par l’utilisation des SIG dans un domaine tel que la littérature, les apports possibles. Il s’agit d’un projet qui permet aussi de tester la possibilité d’interdisciplinarité. Il est par ailleurs conduit avec des moyens très limités (de l’ordre de cinq personnes) et financé par une institution, la British Academy.
A l’autre extrémité du spectre en ce qui concerne les moyens, The Valley Project met en œuvre des ressources humaines considérables (plusieurs dizaines de personnes, universitaires et étudiants, mais aussi techniciens). Le financement est assuré par plusieurs institutions et fondations, notamment universitaires. La richesse du site est impressionnante et s’apparente plus à une bibliothèque qu’à une seule ressource. Bâti autour d’archives sur la période de la guerre de Sécession (1850-1870), il autorise et impose même un parcours personnalisé dans la mesure où la visite ne peut être exhaustive. L’interactivité est limitée, même si des recherches à partir de paramètres choisis sont possibles. Les ressources sont construites à partir des archives et utilisent en partie seulement les moyens des SIG. Au travers de données relatives à deux comtés de Virginie et de Pennsylvanie, elles servent de support à une reconstitution de l’environnement et de la vie quotidienne des acteurs de l’époque. Le site s’adresse en premier lieu à un public large intéressé par l’histoire américaine.
Tourné lui aussi vers un vaste public, A Vision of Britain, sollicite très directement le visiteur en faisant appel à un moteur de recherche à partir d’un nom de lieu. Il s’agit d’un site collaboratif libre dont les sources historiques portent sur des cartes anciennes, des recensements, des résultats d’élections et des récits de voyages. L’aspect pédagogique est nettement marqué via la présence de guides et de tutoriels. Deux particularités méritent d’être signalées : la base de données est mise à profit pour répondre à des besoins personnalisées en matière de généalogie, activité populaire susceptible d’amener un public a priori peu intéressé par les autres ressources historiques du site. Autre signe distinctif : une partie des données téléchargeables sont payantes, ce qui permet de financer, au moins partiellement, le fonctionnement.
            S’il présente un caractère pédagogique encore plus marqué, GIS for History s’adresse à deux catégories de public bien ciblées : les lycéens et étudiants, d’une part, les professeurs d’autre part. Aux premiers, il propose l’exploration d’une série de thèmes historiques relatifs au peuplement des Etats-Unis depuis 1790. L’étudiant est guidé dans sa démarche par une série de questions auxquelles il peut ensuite tenter de répondre en s’appuyant sur les ressources cartographiques et statistiques concernant l’histoire proprement dite, la démographie, l’économie, le volet social. Les données historiques du peuplement (recensements) se prêtent particulièrement bien à l’utilisation de l’outil GIS qui en procure une visualisation spatiale frappante. Du côté des enseignants, le site fournit des plans de cours directement utilisables. L’aspect pratique a été particulièrement soigné, y compris à un niveau de détail avancé (feuille d’évaluation des étudiants, par exemple). Par contre, il s’agit d’une ressource très dirigée, offrant une souplesse d’utilisation limitée. Un site construit en grande partie par des enseignants pour des enseignants, mais qui vise aussi à élargir et faciliter l’accès aux données historiques chiffrées.

Les sites explorés présentent des caractéristiques bien différentes en termes de promoteurs, de publics visés, de mises en œuvre spatiales des données historiques, de financement, de domaines explorés ; cette variété constitue en soi une bonne illustration d’une certaine entrée dans la maturité de l’utilisation des GIS en histoire. Une diversification qui est appelée à s’enrichir et montre que, utilisée de manière pertinente, l’approche spatiale de l’histoire rend des services originaux.

SIG et son utilisation sur 5 sites



The valley of the shadow : two communities in the American Civil War

Le site est réalisé par l’université de Virginie qui numérise ses documents entre 1859 et 1870. Répartie en 3 périodes avant pendant et après la guerre civile américaine.
Le site n'est pas vraiment un SIG a proprement parlé, car il semble imité un bâtiment surement une partie de la bibliothèque ou sa réserve. Mais le site est très bien fait, car la structure visuelle permet un affichage par préférence. Les informations sont très nombreuses ; par exemple d'après un soldat vous pouvez avoir sa fiche militaire, voir son acte de mariage avec son épouse, et tous les documents en relation du couple que se soit leurs journaux intimes respectifs ou les lettres qu'ils s'échangent.
La SIG se trouve plus appliquée dans la troisième section sur les batailles animées où l'on a la liberté de choisir des critères, on peut suivre l'évolution d'une unité, mais les informations sont beaucoup trop nombreuses pour l'échelle et rapidement la carte devient confuse, par contre chaque bataille notamment renvoie a une série de documents la concernant.


Mapping the Lakes : A Literary GIS

Le site est conçu par l'académie britannique et l'université de Lancaster qui a pour volonté de cartographier les lacs par SIG. L'originalité de ce travail c'est qu'il se base sur la littérature pour obtenir des données de sciences dures. Les travaux se basent sur deux textes Thomas Gray's journals et Samuel Taylor Cloredige's Tour of the Lake District, se sont des documents de 1769 et de 1802.
Les données sont téléchargeables en fichier kmz pour être mis sur Google earth notamment. Il est intéressant de noter qu'une carte de 1815 est superposable à la vue satellite.


ALPAGE : AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien : approche GEomatique

Les travaux sont réalisés par la collaboration de 4 laboratoires de recherches, sont aidés par le CNR notamment en finançant le projet de 1006 à 2010. C'est un travail de SIG classique en géohistoire, mais qui se révèle extrêmement poussé. Les données sont libres ce qui est un plus pour des personnes travaillant sur l'espace urbain de Paris.
Le site possède d'une carte interactive vraiment poussée avec de nombreuses données avec lesquels ont peu équilibré l'affichage e avec des renseignement disponible dans la légende (ces informations sont très importante on comprend rapidement l’ampleur du travail effectué!). La somme d'information rend la carte extrêmement lourde ce qui peut limiter certaines connexions. La légende s’affiche à droite en fonction des critères que l'on a sélectionnés. Différents outils sont disponible comme mesurer de distance, mais aussi des espaces, crée des notes et obtenir la carte visualisée sur différents supports.


A vision of BRITAIN through time

Le site est fait par l'université de Porthmouth, il dispose de plusieurs cartes contemporain allant du XIXème siècle à nos jours, mais aussi de cartes construites avec des données statistiques que l'on choisit pour générer la carte que l'on souhaite. C'est un système simple pas très visuel, mais assez efficace, car il peut nous permettre d’avoir une sélection assez pointue bien que l'on ne puisse pas afficher plusieurs cartes ou superposer des calques. Mais le changement de donner se fait vite ce qui une bonne chose. Les sujets traités sont nombreux, industrie, démographie, politique, religion, etc.
Les données sont plutôt bien expliquées et il y en a pour tous les différents types de recherches.


GIS for History


Le site est créée par l'université de Chicago et de l'Illinois en 2005. sa dernière mise a jour est de 2008. le site veut offrir aux étudient et aux enseignants des données et des cartes sur l'histoire des États-Unis. Le site fourni de nombreux site partenaire ou d'outils a la recherche comme des archives en ligne dans son onglet « Related projects ». Les cartes peuvent au premier abord paraitre sommaires, mais en ajoutant des objets elles deviennent assez complexes. La carte reste tout de même petite. Mais le site incorpore un historique des différentes cartes généré. Pour la partie réservée aux professeurs le site donne des leçons avec des thématiques à aborder, mais surtout des conseils pour bien utiliser les cartes.

Explorations de cinq sites de SIG :

The Valley of the Shadows ; Mapping the Lakes ; AnaLyse diachronique de l'espace urbain Parisien (ALPAGE) ; A vision of Britain ; GIS for history (USA).


A travers l'étude de ces cinq sites, plusieurs mouvements peuvent être déterminés. En effet, les historiens ont, comme nous l'avons observé au cours de la dernière séance, mis un temps à appréhender les Systèmes d'Informations Géographiques, puis à les utiliser pour leurs recherches. Le premier site, l'un des premiers créés sur ce thème, à partir de 1993, témoigne des prémisses à l'utilisation des HSIG, et de la réoccupation de l'espace au sein de recherches historiques. Mais après cela, de nombreuses entreprises ont été organisées avec, comme objectif, de créer, de développer, puis de diffuser les SIG en histoire, alliant souvent, avec ces éléments, une approche pluridisciplinaire, voire transdisciplinaire.



Tout d'abord, comme déjà évoqué au dessus, les premiers utilisateurs de l'outil numérique, représentés par le site internet The Valley of the Shadows, composent entre les sources, directement numérisées, mais aussi avec une interprétation de celle-ci, par la spatialisation des documents et des espaces présents dans le corpus. Le thème même de leurs travaux facilite une composante spatiale, puisqu'ils cherchent à détailler les modes de vie de deux communautés américaines, durant la Guerre Civile, l'une au nord, l'autre au sud. Les cartes et SIG se multiplient, et permettent une meilleure lisibilité des espaces parcourus, des trajets, mais aussi des lieux de bataille. Hormis l'aspect SIG, l'on remarque une multiplicité des documents présentés sur la plate-forme, découpés en trois périodes : l'avant, pendant et l'après guerre civile.

C'est bien en cela que l'historien sait utiliser des outils qui, à l'origine, ne lui sont pas directement destinés. Le numérique rend possible une approche plus quantitative, ainsi qu'une classification plus fine, plus nombreuses, des enseignements apportés, ou pour mettre en avant une source plus particulière. Il en est de même pour le quatrième site de notre corpus, A Vision of Britain, qui est composé d'un moteur de recherches interne au site, afin de naviguer plus efficacement dans les sources et les documents numérisés. L'information est livrée brut, sans aucune modification, mais est spatialisée, par le biais de cartes précises et efficaces. Aucune interprétation – autre que celle de la mise en forme cartographique, obligatoire et inéluctable - ne vient interférer dans l'étude de chaque donnée, laissant au chercheur tiers la possibilité d'avoir recours à un tel site en tant que source.



De plus, les SIG nouvellement créés proviennent autant des disciplines géographiques qu'historiques, voire même de sciences autres, comme celles des sciences humaines, ou de la géologie, physique, etc. Ces entreprises entrent alors parfaitement dans le cadre d'une enseignement pluridisciplinaire. Trois sites incarnent parfaitement ces éléments, dont le premier, Mapping the Lakes, réunis la littérature, par la récupération des récits de Thomas Gray et de Samuel Coleridge par exemple ; la géographie, avec son apport cartographique, permettant une meilleure lisibilité des informations transmises ; et l'histoire, par l'évocation de lieux, de dates et d'événements permettant de mieux comprendre le parcours des voyageurs et leurs récits. L'accès au document est facilité par l'utilisation de Google Earth comme modèle SIG pour leur carte interactive.

D'autres projets ont vu le jour autour de ces approches, comme celui, en français, sur l'espace urbain parisien, initié en 2006, par l'Agence Nationale de la Recherche, mobilisant de nombreux chercheurs au sein de quatre laboratoires de disciplines différentes, ce qui rend possible une collaboration entre historiens, géomaticiens et informaticiens, pour développer et épaissir le SIG final. L'interface, ressemblant à Géoportail, propose de créer sa propre carte de la capitale, autour de la mise en place de fond de carte, de filtre, de toute période, et de superposer ces données.Ce SIG semble être un document indispensable pour les historiens dans leurs recherches sur Paris, mais aussi pour les urbanistes, et les passionnées.

Enfin, le dernier SIG à notre disposition est le site GIS for History, impulsé en 2008, basé aux États-Unis, et propose l'histoire récente cartographiée de ce pays. Il illustre un nouveau mouvement au sein de la production scientifique mondiale en histoire. Hormis les aspects classiques de pluridisciplinarité, les créateurs de cette plate-forme ont voulu développer la pédagogie et l'accessibilité de ces informations pour le grand public. Cela s'explique en partie par les nouveautés technologiques dans les salles de classe, permettant d'appuyer un discours historique par un support visuel, plus lisible par les élèves. Mais aussi, cette volonté avouée de clarification des informations témoigne d'une recherche constante, dans la société et dans le monde universitaire, de crédits et de reconnaissance, alors que les crises économiques abaissent régulièrement les fonds alloués aux secteurs ''non-prioritaires'', comme les sciences sociales.



En conclusion, nous avons bien remarqué l'extrême évolution des HSIG, symbolisant un accaparement croissant des problématiques et des possibilités informatiques par l'historien, en parallèle d'une conservation de la discipline et de ses principes de base – croisement des sources, transmission du savoir... La carte permet une meilleure visibilité des recherches, autant au sein de la communauté scientifiques, qu'en dehors, à travers une volonté de mieux expliquer et d'intégrer une société friande de nouvelles technologies.  

Exploration des cinq sites

- The Valey of the Shadow

Ce site, qui est sans doute l'un des premiers à faire usage des SIG dans une optique historique (dès les années 1990), constitue avant tout une importante mine d'informations pour l'historien. En effet, on peut y trouver d'abondantes données concernant la guerre civile américaine dans les comtés d'Augusta (Virginie) et de Franklin (Pennsylvanie). Une fois la page d'accueil passée, le site s'ouvre sur un menu à l'organisation peu banale qui nous permet de choisir la période et le type de ressource que le lecteur souhaite consulter. Lorsque le choix est fait, on est redirigé vers une nouvelle page qui nous apporte les informations voulues de manière assez claire. Des synthèses et des analyses sommaires sont présentées mais il est possible d'avoir accès aux données brutes, généralement présentées sous forme de tableaux. Ici, on a donc accès aux ressources traditionnelles de l'historien. Néanmoins, il est également possible de consulter des cartes qui marque le regard spatial que porte ce site internet sur le sujet. Ces cartes sont de qualités très variée. L'une d'entre elles m'a particulièrement intriguée, il s'agit de celle qui reprend les différentes batailles qui ont eu lieu. Par le biais d'une animation, on peut y voir le déplacement des armées puis par un clic sur une bataille, on peut obtenir des informations sur l'événement en question. Pour autant, ce site se présente véritablement comme une base de données puisqu'on y trouve que des informations brutes non traitées par le regard d'un historien.

- Mapping the Lakes

Ce site est de nature totalement différente du précédent. Il se consacre à la région des Lacs, dans le Nord-Ouest de l'Angleterre en se basant sur les récits littéraires de Thomas Gray en 1769 et de Samuel Taylor Coleridge en 1802. Ici, ce n'est donc pas histoire et géographie qui s'interpénètrent mais littérature et géographie, ce qui est relativement peu banal jusqu'ici. A partir des écrits mentionnés plus haut, des cartes ont été réalisées en vue de contextualiser les événements. On y retrouve donc une multitude de cartes qui s'appuie généralement sur le même fond et qui relatent les événements évoqués dans les livres. Pour autant, n'étant pas adepte de cette littérature, il m'est difficile de porter un regard critique sur cette entreprise et sur sa réelle portée. Je remarque simplement que certaines cartes utilisent l'application Google Earth. Pour l'historien, cela peut paraître assez choquant puisque les concepteurs du site ont fait le choix d'utiliser, via Google Earth, un fond de carte contemporain pour relater des événements d'il y a deux siècles.

- ALPAGE

Ici, le premier avantage certain de ce site, qui en fait également son caractère inédit, est l'utilisation de la langue française. Ce projet d'envergure, qui est le fruit d'une interdisciplinarité (historiens, géomaticiens, informaticiens...), a pour but d'offrir une dimension spatiale à l'histoire urbaine de Paris. On est donc en plein dans la voie sur laquelle souhaitait nous mener Loren Siebert à travers son article. La partie "accueil" du site se propose avant tout de présenter la configuration du site et ses auteurs, d'annoncer les nouveautés mais aussi et surtout de nous indiquer les sources sur lesquelles s'appuient ce travail. Ensuite, la partie la plus intéressante du site est la plateforme cartographique qui est une application simple et efficace des SIG. En effet, elle permet à chaque lecteur de constituer sa propre carte de Paris en y incorporant les informations de son choix qui sont directement tirée de la base de données créée par les concepteurs du site. Il s'agit donc d'un outil très intéressant pour étudier la capitale francilienne. L'intérêt réside aussi dans le fait qu'il est possible de travailler sur le temps long puisque certaines données sont très anciennes (ex : emplacement de l'enceinte romaine). En bref, il s'agit d'un outil made in France très efficace qui témoigne de l'intérêt que peuvent avoir les SIG dans la recherche historique, en particulier pour l'histoire urbaine.

- A Vision of Britain

Avec ce site, nous repartons vers l'Angleterre. Les auteurs se proposent d'amasser ici des données qui concernent l'histoire contemporaine britannique (entre 1801 et 2001). Ces différentes données, qui sont directement consultables, peuvent ensuite être visualisées par le biais d'une abondante série de cartes. Ici, l'idée d'une spatialisation est donc également très présente. Par exemple, via l'onglet "statistical atlas", il est possible d'obtenir une carte sur la mortalité infantile ou bien encore sur le degré d'occupation des sols. Nous l'aurons compris, les opportunités sont donc très variées. De plus, il est possible d'avoir un accès directe à une localité en saisissant son nom ou sa référence dans la barre de recherche. Enfin, ce site présente un autre atout, celui de venir mélanger à ces données des récits de voyage. Cela apporte donc une dimension littéraire à ce site qui se veut donc véritablement comme le fruit de l'interdisciplinarité. Toutefois, à chaque fois, c'est par le regard spatial que les données sont analyser ce qui permet toujours de contextualiser les informations. Plus que cela, l'emploi de ces cartes peut permettre à l'histoire d'aller de l'avant, comme le souhaitait Amy Hillier dans son article. En effet, celle-ci croie en l'idée que l'outil cartographique peut entrer de plein pied dans le processus argumentatif du discours historique en faisant figure d'argument et non plus de simple support.

- GIS for History

Le thème de ce site est l'histoire des Etats-Unis. Il a vocation à permettre aux SIG de devenir un outil pour l'enseignement de l'histoire. En effet, il met à disposition des enseignants différentes cartes personnalisables susceptibles d'être utilisées en classe. Pour autant, il est à noter que le nombre de sujets traités demeure encore relativement réduit et que ce site nécessite donc d'être développé. Pour autant, encore une fois, il s'agit d'une belle preuve de l'insertion de la dimension spatiale dans la pratique de l'histoire. Cela est d'autant plus important ici puisque les SIG deviennent un outil de l'enseignement. Dans son article, Amy Hillier disait d'ailleurs que c'est en habituant les historiens à cette pratique qu'elle pourra prendre toute sa place dans la science historique, c'est bien ce que semblent vouloir faire ici les concepteurs de ce site.

L'intégration de l'approche spatiale dans la démarche historique : exploration de cinq sites.


A travers l'exploration des sites proposés, l'évolution de la pratique des Systèmes d'Informations Géographiques par les sciences humaines, et plus particulièrement par les historiens, est évidente. D'une utilisation assez sommaire – quelques cartes géographiques utilisées pour localiser les lieux dont on parle – à un apprentissage d'une maîtrise de la cartographie par les historiens, on évolue vers une utilisation fructueuse des SIG. Ainsi, en intégrant de plus en plus l'approche spatiale dans leur démarche historique, les historiens changent-ils leur manière de faire du récit historique.

Dans un premier temps, l'investissement par les historiens de l'outil internet, permet un travail collaboratif de collecte d'archives (et donc de numérisation de ces dernières), par différents chercheurs autour d'un même sujet.
Ainsi, The Valley of Shadow (site le plus ancien puisqu'il a été créé en 1993), par exemple, a le mérite de constituer un vivier important de sources diverses et variées sur la vie dans deux contés américains avant, après et à la période de la Guerre Civile. Au-delà d'être un recueil intéressant de documents, le site tente une première utilisation des SIG – il est ainsi possible de manipuler des cartes sur les batailles et de retracer les trajets des différentes armées, de localiser les lieux des batailles majeures – mais celle-ci reste très peu habile et assez lacunaire. La variétés des sources collectées sur ces sites permettent en effet d'analyser ensemble différents types de données et ainsi de réaliser des cartes riches en information.
De la même manière, le site A vision of Britain through time, constitue une base de données colossale sur la Grande Bretagne des XIXe et XXe siècles. Le site, sur lequel la navigation est très aisé, il est important de le préciser, apparaît comme un recueil majeur d'archives et de données, classées par thèmes et par dates, mobilisables par les historiens qui voudraient créer des cartes.
Toutefois, le récit historique semble absent de ces sites : ils offrent des outils aux historiens mais n'engagent pas eux-mêmes de réflexion sur le croisement des données et leur utilisation dans des SIG.

Si certains sites se contentent d'être d'immenses bases de données sur leur sujet, d'autres offrent une réelle réflexion sur l'apport de l'approche spatiale au récit historique.
D'une part, l'utilisation des SIG renforce l'idée d'une nécessité du dialogue interdisciplinaire autour des sujets de recherche. La dynamique du site ALPAGE (Analyse Diachronique de l'Espace Parisien, approche Géomatique), impulsée en 2006, est notamment celle de la collaboration entre historiens, géomaticiens et informaticiens, autour d'une analyse de l'espace urbain parisien, et est devenu au fil du temps, un site vivant consulté et enrichi par tous les chercheurs et étudiants qui s'intéresse à l'histoire de Paris. Les ressources de la plate-forme cartographique du site étant très importante – cartes anciennes et plus récentes, localisation des lieux de pouvoirs, de religion, lieux des activités socio-économiques, mais aussi vestiges archéologiques – elles permettent aux étudiants de répondre aux questions d'ordre spatial qu'ils se posent sur leur sujet de recherche. Ce site-là constitue un exemple phare lorsqu'on veut démontrer l'intérêt de l'utilisation des SIG en histoire. Il est d'ailleurs reconnu comme tel, puisque je me souviens l'avoir découvert en cours de géographie en CPGE, lorsque le professeur eu à cœur de montrer aux étudiants l'intérêt des SIG pour les futurs étudiants en sciences humaines.
En effet, dans certaines démarches, notamment celle du site GIS for History, on note la dimension pédagogique intrinsèque à l'utilisation des SIG : le site offre aux étudiants les outils pour engager de nouvelles réflexions sur l'histoire des États-Unis, permises par la manipulation des SIG. Grâce aux cartes animées, personnalisables grâce aux informations et données enregistrées sur le site, l'étudiant devient l'initiateur de sa propre réflexion.

Le site Mapping the Lakes est celui qui m'a paru le plus « original ». En effet, les auteurs proposent une manière nouvelle d'utiliser les SIG et ce afin d'éclairer non pas seulement l'histoire, mais la littérature en créant ce qu'on pourrait appeler « un espace narratif comparatif ». A partir de données textuelles que sont les écrits de Thomas Gray et de Samuel Coleridge, le site propose une analyse spatiale et sensitive (quels sentiments les lieux font ils naître chez les deux auteurs, par exemple) des lieux décrits et traversés par les deux auteurs littéraires. Si les cartes proposées sont parfois difficilement lisibles, le site a au moins pour mérite de proposer une réflexion intéressante sur la cartographie littéraire et la possibilité, grâce aux SIG, d'ouvrir de nouvelles réflexions sur la littérature des lieux et de l'espace. La même chose aurait pu être faite sur Londres, avec l'ouvrage autobiographique de Thomas De Quincey, Confessions d'un Mangeur d'Opium Anglais. Ainsi, les chercheurs en littératures peuvent-ils aussi s'enrichir des SIG dans leurs réflexions spatiales autour des œuvres littéraires.


Ainsi, la plupart des sites proposés à notre réflexion symbolise l'apparition progressive, chez les historiens, d'une nouvelle manière de faire de l'histoire qui, sans abandonner le récit historique traditionnel qui reste indispensable pour palier les manques des outils géographiques, investissent le domaine des SIG afin d'enrichir et de compléter leurs recherches. En outre, ils incitent les étudiants et chercheurs à maîtriser ces outils pour faire évoluer la pratique de l'histoire. Si certains sites semblent aujourd'hui assez « vétustes », d'autres promettent un avenir pour l'utilisation des SIG par la science historique.

Sunday, November 8, 2015

Explorations : les SIG et l'intégration de l'approche spatiale dans la démarche historique.

Présentation  et analyses des sites :

The Valley of the shadows.

                The Valley of the shadows est un projet qui tire ses origines au tout début des années 1990 et qui a été mis en place au fil du temps avec l’avènement d’internet. Le site présente un certain nombre de sources historiques concernant le comté d’Augusta en Virginie et le comté de Franklin en Pennsylvanie sur la période des années 1859 à 1870. C'est-à-dire avant, pendant et après la guerre civile américaine.
Les documents (lettres, journaux, …) sont accompagnés de cartes afin de présenter et de comparer les comtés.
On remarquera principalement la carte interactive à propos des années de guerre. Celle-ci offre la possibilité de superposer plusieurs couches (tracées de routes anciennes ou modernes, tracées de voies ferroviaires, villes, …). La carte permet également de choisir un régiment et grâce à une animation d’observer ces déplacements, les lieux d’escarmouches et de batailles au fil du temps.
                Ce site utilise l’approche spatiale dans un objectif de synthèse de données récoltées en archives.      

Mapping the Lakes.

                Mapping the Lakes est une expérience collaborative réalisée par une équipe de l’université de Lancaster pour tester l’utilisation et l’application des SIG auprès des sources littéraires. Il s’agit de voir comment introduire l’approche spatiale en littérature. Pour cela, les chercheurs utilisent comme documents : Thomas Gray‘s journals et Samuel Taylor Cloredige’s Tour of The Lake District. A partir de ces textes au sujet similaire (pour mieux comparer) des cartes sont réalisées. Cela permet d’observer quels sont les différents résultats obtenus en utilisant les SIG.

AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien (ALPAGE).

                Le site Alpage est un projet lancé dans les années 2006 à 2010. Il s’appuie sur le travail collaboratif de plusieurs chercheurs ayant pour thème la ville de Paris. Le site présente plusieurs objectifs, cependant le plus important semble être celui d’introduire l’approche spatiale et donc l’utilisation des SIG pour réussir à valoriser et interpréter des sources historiques qui étaient inexploitables jusque là sans des outils adaptés.  Ce travail se veut également pluridisciplinaire.
Alpage présente un outil, une plateforme cartographique, permettant de superposer un très grand nombre de couches. Ces dernières sont fabriquées à partir des données récoltées dans les sources. L’outil offre encore plusieurs autres fonctions comme la possibilité d’effectuer des mesures, des annotations, … Ce qui permet au final aux chercheurs de croiser différentes données et de construire des cartes.

A vision of Britain.

                A vision of Britain through time propose aux visiteurs comme son nom l’indique de leur présenter la Grande-Bretagne à travers le temps.  Pour cela il est tout d’abord possible d’accéder à des fonds de cartes anciennes.
Cependant, son principal intérêt consiste dans la catégorie statistical atlas où l’on a accès à différentes cartes classées par thèmes (industrie, agriculture, population, …). Il existe un très grand choix de personnalisation de ces cartes dans les données que l’on veut faire apparaître et selon la période sélectionnée. 

GIS for History (USA).

                GIS for History a pour thème l’histoire des États-Unis. Son objectif est d’utiliser les SIG en Histoire pour servir à l’enseignement. Il s’agit là encore d’un travail collaboratif.
Le site présente donc des documents, des cours et des cartes personnalisables avec différentes couches sur différents aspects de l’Histoire des États-Unis. Le site présente l’intérêt de ces cartes interactives comme un moyen afin d’illustrer et de discuter le propos des cours.

Bilan :

                A travers ces différents exemples, il est possible d’observer plusieurs utilisations et des évolutions dans l’utilisation des SIG en Histoire.
On peut observer qu’avec le temps il y a eu une complexification des sites évoquant les SIG. Les premières expériences montrent des cartes synthétiques déjà réalisées où l’on ne peut rien modifier. Puis est introduite la possibilité de placer différentes couches. Puis on nous offre la possibilité de personnaliser de plus en plus de détails pour créer des cartes (notamment grâce aux bases de données) et d’interagir avec elles (mesures, annotations, ...).
Les sites de SIG insistent de plus en plus sur le travail collaboratif entre chercheurs ou même avec des étudiants.
Enfin, on voit que les SIG servent à la valorisation de sources historiques, au renouvellement de cette valorisation historique mais aussi à l’enseignement.

Analyse critique des cinq sites

Histoire spatiale : vers un nouveau tournant ?

        Les cinq sites, créés pour la plupart par des historiens, utilisent le SIG de manière très différente. Les auteurs du site « GIS for history », créé en 2008, perçoivent le SIG comme un instrument à dessein pédagogique. Les logiciels aident les étudiants à comprendre les moments importants de l'histoire des Etats-Unis et les actions humaines dans le paysage, à travers une très riche base de données spatiales et temporelles et des cartes thématiques très claires. L'approche spatiale sert aux étudiants à générer leurs propres réflexions historiques, aidés par des questions et par des documents mis à leur disposition. Le site s'adresse aussi aux professeurs, en leur fournissant des projets et des idées pour stimuler les réflexions des étudiants autour des cartes (discussions, comparaisons de données,...) afin de les inciter à utiliser les cartes numériques dans le cadre de leur recherche comme des outils d'analyse et non comme de simples accompagnements du récit historique. Les auteurs de ce site ont conscience du problème des lacunes dans l'apprentissage du SIG par les futurs chercheurs, des lacunes qu'ils tentent de combler.
          La dimension pédagogique est moins présente dans le site « AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien », qui met surtout l'accent sur l'idée d'échange et de partage des informations et des données sur la ville de Paris. Ces données spatiales et temporelles ont des caractéristiques très différentes : les couches de données sont très nombreuses et variées (politique, économique,...) et les cartes enregistrées remontent jusqu'à l'époque médiévale. Les auteurs du site ont tenté de réunir, de 2006 à 2010, de très nombreuses informations sur la ville, afin de présenter un panorama cartographique de Paris le plus complet possible : dimensions géographique et physique, morphologie du bâtiment,... . Les données sont disponibles pour tout le monde, sous forme de fichier ZIP, et gratuites. Le dessein final du site est de développer la recherche concernant l'espace urbain parisien et de construire des outils adaptés aux plans cadastraux anciens, afin de stimuler la réalisation de cartes SIG montrant l'évolution de la ville depuis le Moyen Age. Le site tente donc de combler une des limites les plus importantes des logiciels GIS qui étaient d'abord des bases de données pour la création de cartes concernant l'évolution de ville aux XIXème et XXème siècles. Avec la mise à disposition de sources très anciennes, les dynamiques urbaines peuvent être visualisées et analysées grâce aux cartes SIG.
            Le site « A vision of Britain » obéit aux mêmes objectifs avec la création d'une base de données rassemblant beaucoup de sources différentes (descriptions anciennes, cartes topographiques et thématiques,...). Mais la période reste limitée aux XIXème et XXème siècles, contrairement au site sur Paris. Malgré tout, les auteurs de ce site très récent (2009-2014) cherchent à répondre aux besoins d'emmagasinement et d'enregistrement des informations de la plupart des chercheurs, qui doivent créer des bases de données avant de réaliser des cartes SIG et qui, par manque de temps - car cela implique une recherche de sources variées et en grand nombre, sont rebutés par ce type de technique.
               L'avant-dernier site, « Mapping the Lakes », explore de nouvelles voies d'utilisation du SIG à travers notamment la réalisation de carte à partir des écrits littéraires de Thomas Gray et Samuel Coleridge. Ces deux écrivains tiennent en effet une place essentielle dans le site dont les auteurs cherchent à analyser spatialement leurs voyages et en même temps à analyser des informations abstraites liées à l'environnement, aux paysages de la région (imagination, émotion,...). Une description des méthodes utilisées pour utiliser les cartes SIG à partir de ces écrits est faite : il s'agit avant tout d'analyser les lieux évoqués, les adjectifs utilisés,..., pour pouvoir repérer les éléments spatiaux, temporels et abstraits à retenir pour réaliser les cartes. C'est une expérience originale et intéressante faite par les auteurs du site, qui réalisent ainsi des cartes SIG « littéraires ». Cependant la qualité cartographique n'est pas très bonne, puisque le zoom n'est pas optimal, ce qui génère des difficultés pour lire les cartes. En outre, les caractéristiques traditionnelles cartographiques (données statistiques, méthodes quantitatives,...) ne sont pas centrales.
          Dans ces quatre sites, la notion de « transdisciplinarité » est mentionnée et demeure importante pour comprendre l'usage fait du SIG par les auteurs des sites. En effet, ces logiciels ne s'adressent pas seulement aux historiens, mais à beaucoup de chercheurs dans d'autres domaines (archéologues, démographes,...). Ils permettent aussi, grâce à leurs bases de données toujours plus importantes, de croiser différents types d'information et des sources extrêmement variées pour réaliser des cartes riches de données diverses et pour les analyser ensuite de manière très complète. Ces sites mettent aussi en évidence les liens entre cette nouvelle technologie cartographique et les discours traditionnels historiques, en montrant que l'un et l'autre se complètent et s'équilibrent. Enfin, ils répondent aux limites imposées par les SIG en tentant d'effacer ces limites perçues comme des obstacles infranchissables par les chercheurs réticents à utiliser ces logiciels.
                  Le site « The Valley of the shadows » est le plus ancien, puisqu'il a été réalisé de 1993 à 2007. Il constitue une base de données immense pour un thème et une époque bien précis : beaucoup de sources sont rassemblées (photographies, lettres,...) car elles évoquent l'histoire de deux communautés (une au Sud et une au Nord) avant, pendant et après la guerre civile américaine. Si le site est intéressant car ces multiples informations sont classées et facilement accessibles, toutefois, aucune réflexion historique ou analyse historique n'est attachée à ces sources. Le récit traditionnel historique est complètement absent : des cartes SIG peuvent être conçues à partir du site, mais tout reste à faire. Le site demeure à la première étape de la création d'une carte SIG, c'est-à-dire la documentation, contrairement aux sites précédents, plus récents, dont les auteurs ont parfaitement conscience des problèmes attachés à l'utilisation du SIG et qui tentent de faire évoluer ces outils cartographiques en surmontant les obstacles des logiciels et de faire évoluer en même temps les représentations des chercheurs face à ces logiciels.


           
                 

                 

L'intégration progressive d'une approche spatiale de l'histoire.

     Ces quatre sites proposent chacun un usage différent des SIG. Tout d’abords, nous pouvons remarquer que ces sites sont menés, pour la majeure partie par des historiens. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. L’évolution majeur que nous pouvons mettre en avant est l’arrivée de chercheurs en littérature qui utilise le logiciel de google Earth pour expliciter l’histoire d’un lac et de ces promenades.[1] De fait, cela prouve la pluridisciplinarité que propose les cartes et l’importance de ne pas négliger les possibilités existantes de mise en place de champs de recherches variés. Le premier site évoqué, The valey of shadow est également chronologiquement le premier essai. En effet, bien qu’actualisé, le projet est initié en 1993, ce qui correspond au début des essais des SIG historiques. Cela s’en récent par la manière dont le site est présenté. De fait, la navigation se fait au travers d'un plan panoptique organisé en différents thème d'archive. Dans ces plans, seul quelques cartes sont proposées et la plupart ne sont que des captures d’écran. Par ailleurs, il existe une carte animée qui présente les lieux des grandes batailles de la guerre civile américaine dans un ordre chronologique. Cela prouve que part ses différentes mises à jour, le logiciel de SIG a été utilisé de manière complètement différentes. De même, le site A vision of Britain through time, bien qu’initié en 2009 et actualisé en 2014, ressemble à une base de donnée archivistique de cartes existantes au XIXe et XXe siècle. Il n’y a pas ici un réel travail sur l’utilisation du SIG contrairement au site français ALPAGE qui propose une carte de Paris interactive sur laquelle l’utilisateur peut introduire des calques et afficher des informations. Le site le plus aboutis, à mon sens, est celui de GIS for History, instauré en 2005. De fait, ce site est d’une vrai « utilité » pour l’enseignement. Des cartes sur différentes partie de l’histoire des états unis sont crées et permettent de répondre à un objectif pédagogique. De même, bien qu'orienté à l'utilisation enseignante, le site est accessible au plus grand nombre. En effet, en cliquant sur l’histoire esclavagiste la carte interactive permet de se rendre compte de la population réduite en esclavage à travers les années etc. Nous pouvons également consulter des documents par exemples des lettres. Le seul bémol est la non mis à jour du site, ce qui fait que certains liens menant aux sources ne fonctionnent plus.
En général, les sites étudiés traduisent une réelle volonté d'utiliser les cartes pour les faire parler. Cela prouve une investigation certaine de la part des chercheurs et modérateur des sites à utiliser le logiciel SIG. De plus, le clivage que nous avions pu observer jusqu'à présent entre l'histoire et la géographie ne semble plus être. La géographie répond à une question historique et inversement, ce que les chercheurs ont bien compris. Enfin, voir apparaitre d'autres domaines tel que la littérature explicite le désir profond d'une approche spatiale de toutes les sciences. 




[1] Mapping the lakes : a literary GIS, University of Lancaster, s.d