Sunday, November 15, 2015

Exploration - L'utilisation des SIG et son évolution

À travers une sélection de cinq sites internet, nous pouvons suivre l’évolution de l’utilisation des Systèmes d'Informations Géographiques dans le cadre de l’étude des sciences humaines. L’angle d’approche choisi au départ, celui de l’histoire, ne peut en effet ici suffire à qualifier les champs de recherche abordés dans ces exemples.

The Valley of the Shadows, ou The Valley Project, est une création du Virginia Center for Digital History de l’Université de Virginie, alimentée entre 1993 et 2007. Il recense et regroupe un très vaste catalogue de documents variés autour de la période de la guerre de Sécession, en se focalisant sur deux comtés américains, le comté d’Augusta en Virginie, et le comté de Franklin, en Pennsylvanie, situés respectivement au Sud et au Nord de ce que l’on pourrait appeler la ligne de démarcation de l’esclavage.

Au-delà de l’utilisation des SIG, la navigation se fait par le biais d’une structure inhabituelle : le menu évoque la forme d’un plan d’un bâtiment, une bibliothèque par exemple. L’ancienneté du projet, pionnier en son genre, lui donne un côté suranné. La plupart des ressources géographiques constitue un ensemble de cartes. Seule celle des batailles de la guerre de Sécession est interactive, sur le même modèle que celle présentée sur le projet Virtual Jamestown.

Mapping the Lakes, sans doute plus tardif quoique nulle date ne soit indiquée, fut produit par le département des arts et des sciences sociales de l’Université de Lancastre, et offre de reproduire sous forme de cartes le trajet poétique des écrivains anglais Thomas Gray et Samuel Taylor Coleridge à travers la région des lacs, dans le nord de l’Angleterre, à la fin du XVIème et au début du XVIIIème siècle. Plus qu’historique, c’est un parcours littéraire qui est dévoilé à nos yeux, à travers la représentation cartographique des journaux, carnets de voyage et lettres des deux auteurs. Le site internet est remarquable par la simplicité de sa navigation, le menu sur la gauche est d’une clarté confondante, et le projet y est analysé et présenté avec une grande rigueur. On peut ainsi prendre connaissance des buts, littéraires et géographiques, que ce sont fixés les chercheurs, ainsi que lire la manière dont ils ont choisi d’exploiter les SIG pour y parvenir.

Les différentes cartes nous permettent toutefois de nous focaliser surtout sur les trajets effectués par les deux poètes, ainsi que de constater leur propension à évoquer un lieu sans l’avoir vraiment visité. Certains éléments présentés sur Google Earth ne me semblent pas offrir davantage d’informations, mais la démarche est néanmoins à signaler par son originalité. Il est à noter que Ian Gregory a fait partie de l’équipe de recherche qui a travaillé sur le projet.

GIS for History, un projet commencé en 2005 par l’Université de l’Illinois, se propose de créer un ensemble de ressources à but clairement pédagogique : la page d’accueil nous offre de choisir entre une consultation estudiantine, ou un éventail de plan de cours professoral. Le tout s’articule autour des grands thèmes de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. Des cartes interactives, dont on peut faire varier les éléments à volonté afin de pointer du doigt certaines nuances, sont accompagnées d’une riche source documentaire sous forme de documents textes ou de sites internet. Ce qui m’a semblé notable, c’est le soin qui a été pris d’attirer l’attention du visiteur sur les risques d’imprécision de la cartographie, en abordant franchement la question : « Comment cette carte déforme les données ? ». En s’appuyant d’abord sur l’exemple des cartes choroplètes, l’ensemble des possibilités y est analysé, et le choix des auteurs argumenté.

A Vision of Britain through Time, réalisé entre 2009 et 2014, constitue ici aussi un recueil de ressources documentaires d’une richesse impressionnante sur la Grande Bretagne entre 1801 et 2001. La particularité de ce site est sa pluridisciplinarité, car non seulement l’histoire et la géographie, mais aussi la statistique, la littérature et les sciences sociales y sont sollicitées. Sur chaque carte présentée, il est possible de faire varier l’information affichée à volonté, afin d’obtenir une carte aussi précise et pertinente que souhaitable. Le site nous fournit de plus une longue explication sur l’utilisation des données présentées, et sur le meilleur moyen de les exploiter. Il me semble que c’est à ce type de travail que pensait Ian Gregory lorsque, au sujet de l’approche qualitative des SIG, il évoquait la possibilité de créer un outil qui ne permette plus seulement à l’utilisateur de lire une histoire, mais de l’explorer seul, par lui-même.

Enfin, le site de l’AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien: approche GEomatique ou ALPAGE, propose une navigation claire et riche à la fois à dans l’histoire de l’espace urbain parisien. Une carte unique, mais dont le choix des éléments affichables donne le vertige. Une approche limpide et pertinente des SIG, une utilisation d’une grande qualité. L’exemple selon moi le plus abouti d’une utilisation historique des ressources numériques de la géographie, grâce à l’interdisciplinarité de l’équipe de chercheurs qui a travaillé sur le projet.


À travers les années, les buts et les méthodes, les Systèmes d'Informations Géographiques ont montré quelle richesse ils pouvaient fournir à un travail de recherche historique, et ces cinq sites nous permettent de constater cette variation et cette évolution.

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