Exploration
des sites suivants : The
Valley of the Shadow, Mapping
the Lakes, ALPAGE, A
vision of Britain through time, GIS for history.
A
travers l'exploration des sites proposés, l'évolution de la
pratique des Systèmes d'Informations Géographiques par les sciences
humaines, et plus particulièrement par les historiens, est évidente.
D'une utilisation assez sommaire – quelques cartes géographiques
utilisées pour localiser les lieux dont on parle – à un
apprentissage d'une maîtrise de la cartographie par les historiens,
on évolue vers une utilisation fructueuse des SIG. Ainsi, en
intégrant de plus en plus l'approche spatiale dans leur démarche
historique, les historiens changent-ils leur manière de faire du
récit historique.
Dans
un premier temps, l'investissement par les historiens de l'outil
internet, permet un travail collaboratif de collecte d'archives (et
donc de numérisation de ces dernières), par différents chercheurs
autour d'un même sujet.
Ainsi,
The Valley of Shadow (site le
plus ancien puisqu'il a été
créé en 1993),
par exemple, a le mérite de constituer un vivier important de
sources diverses et variées sur la vie dans deux contés américains
avant, après et à la période de la Guerre Civile. Au-delà d'être
un recueil intéressant de documents, le site tente une première
utilisation des SIG – il est ainsi possible de manipuler des cartes
sur les batailles et de retracer les trajets des différentes armées,
de localiser les lieux des batailles majeures – mais celle-ci reste
très peu habile et assez lacunaire. La variétés des sources
collectées sur ces sites permettent en effet d'analyser ensemble
différents types de données et ainsi de réaliser des cartes riches
en information.
De
la même manière, le site A vision of Britain through time,
constitue une base de données colossale sur la Grande Bretagne des
XIXe et XXe siècles. Le site, sur lequel la navigation est très
aisé, il est important de le préciser, apparaît comme un recueil
majeur d'archives et de données, classées par thèmes et par dates,
mobilisables par les historiens qui voudraient créer des cartes.
Toutefois,
le récit historique semble absent de ces sites : ils offrent
des outils aux historiens mais n'engagent pas eux-mêmes de réflexion
sur le croisement des données et leur utilisation dans des SIG.
Si
certains sites se contentent d'être d'immenses bases de données sur
leur sujet, d'autres offrent une réelle réflexion sur l'apport de
l'approche spatiale au récit historique.
D'une
part, l'utilisation des SIG renforce l'idée d'une nécessité du
dialogue interdisciplinaire autour des sujets de recherche. La
dynamique du site ALPAGE (Analyse Diachronique de l'Espace Parisien,
approche Géomatique), impulsée en 2006, est notamment celle de la
collaboration entre historiens, géomaticiens et informaticiens,
autour d'une analyse de l'espace urbain parisien, et est devenu au
fil du temps, un site vivant consulté et enrichi par tous les
chercheurs et étudiants qui s'intéresse à l'histoire de Paris. Les
ressources de la plate-forme cartographique du site étant très
importante – cartes anciennes et plus récentes, localisation des
lieux de pouvoirs, de religion, lieux des activités
socio-économiques, mais aussi vestiges archéologiques – elles
permettent aux étudiants de répondre aux questions d'ordre spatial
qu'ils se posent sur leur sujet de recherche. Ce site-là constitue
un exemple phare lorsqu'on veut démontrer l'intérêt de
l'utilisation des SIG en histoire. Il est d'ailleurs reconnu comme
tel, puisque je me souviens l'avoir découvert en cours de géographie
en CPGE, lorsque le professeur eu à cœur de montrer aux étudiants
l'intérêt des SIG pour les futurs étudiants en sciences humaines.
En
effet, dans certaines démarches, notamment celle du site GIS for
History, on note la dimension pédagogique intrinsèque à
l'utilisation des SIG : le site offre aux étudiants les outils
pour engager de nouvelles réflexions sur l'histoire des États-Unis,
permises par la manipulation des SIG. Grâce aux cartes animées,
personnalisables grâce aux informations et données enregistrées
sur le site, l'étudiant devient l'initiateur de sa propre réflexion.
Le
site Mapping the Lakes est celui qui m'a paru le plus
« original ». En effet, les auteurs proposent une manière
nouvelle d'utiliser les SIG et ce afin d'éclairer non pas seulement
l'histoire, mais la littérature en créant ce qu'on pourrait appeler
« un espace narratif comparatif ». A partir de données
textuelles que sont les écrits de Thomas Gray et de Samuel
Coleridge, le site propose une analyse spatiale et sensitive (quels
sentiments les lieux font ils naître chez les deux auteurs, par
exemple) des lieux décrits et traversés par les deux auteurs
littéraires. Si les cartes proposées sont parfois difficilement
lisibles, le site a au moins pour mérite de proposer une réflexion
intéressante sur la cartographie littéraire et la possibilité,
grâce aux SIG, d'ouvrir de nouvelles réflexions sur la littérature
des lieux et de l'espace. La même chose aurait pu être faite sur
Londres, avec l'ouvrage autobiographique de Thomas De Quincey,
Confessions d'un Mangeur d'Opium Anglais. Ainsi, les
chercheurs en littératures peuvent-ils aussi s'enrichir des SIG dans
leurs réflexions spatiales autour des œuvres littéraires.
Ainsi,
la plupart des sites proposés à notre réflexion symbolise
l'apparition progressive, chez les historiens, d'une nouvelle manière
de faire de l'histoire qui, sans abandonner le récit historique
traditionnel qui reste indispensable pour palier les manques des
outils géographiques, investissent le domaine des SIG afin
d'enrichir et de compléter leurs recherches. En outre, ils incitent
les étudiants et chercheurs à maîtriser ces outils pour faire
évoluer la pratique de l'histoire. Si certains sites semblent
aujourd'hui assez « vétustes », d'autres promettent un
avenir pour l'utilisation des SIG par la science historique.
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