Mark
S. Monmonier, Comment faire mentir les cartes ou Du mauvais
usage de la géographie, Paris : Flammarion, 1993, pp. 11-95 et
pp. 133-176
Denis
Wood, Rethinking the Power of Maps, New York / London,
The Guilford Press, 2010, chapitres 2 à 4.
Dans
l'analyse d'une carte, il faut tous d'abord se pencher sur le choix
des projections utilisées et de l'échelle.
Le type de
projection est une question aussi épineuse que délicate. Les
déformations sont induites au passage sur planisphère, mais quelles
déformations choisir ? Celle de l’accentuation des océans, celle
de l’hémisphère nord ? Une projection polaire par exemple empêche
de voir une grande partie de l’hémisphère opposé. La projection
Mercator elle déforme la taille des États-Unis d'Amérique et
surtout du Groenland qui devient aussi gros que l'Afrique ! Une
projection a l'équateur déforme la taille au plus on se rapproche
des pôles. Une projection aux tropiques elle déforme la vraie
distance entre les l'équateur et les tropiques. Une fois la
projection choisie il faut se demander où centré la carte, car cela
répond a des problématiques et des sensibilités diverses.
Le choix des
échelles peut impacter beaucoup de choses. Une carte à petite
échelle ne permet pas d'apprécier certains détails. Une carte au
1:25000 est idéale pour les routes alors qu'une 1:100000 est idéale
pour les randonneurs.
Les formes sur la
carte peuvent être réduites ou agrandies comme une route sur les
cartes routières (il est aisé de comprendre qu'une route n'a pas la
taille à l'échelle de la carte pour mieux la voir). On peut aussi
simplifié les formes, en lissant les courbes, mais cela nuit a la
bonne représentation du monde.Le choix des couleurs, mais aussi pourcentage permet aux cartographes peu scrupuleux d'orienté le sens de lecture. Les surfaces plus ou moins grandes faussent également une bonne représentation de la situation. Ce genre d'utilisation est fréquente dans des domaines, politiques, économiques, climatiques, etc.
Il est possible
de jouer sur les figurés, leurs tailles, leurs formes, leurs
couleurs pour instrumentalisé la lecture via les préconçus
psychologique et l'inconscient. La figuration et le choix des
symboles est le domaine d'analyse de Denis Wood.
Monmonnier nous
rappelle que même l'histoire militaire nous a appris la nécessité
d'une bonne carte. Les campagnes américaines furent endeuillées ou
plus difficiles par l'absence de ces bons outils comme pendant la
guerre de Sécession ou l'invasion de l'ile de Grenade. Pendant la
Seconde Guerre mondiale, les Allemands utilisèrent les très bonnes
cartes Michelin pour planifier leurs opérations. Cet exemple nous
induit aussi sur la non-représentation de certains éléments à but
stratégique pour un pays.
Aux États-Unis
d'Amérique une grande diffusion des cartes se fait dans les années
70 avec le cas des établissements pétroliers offrant dans les
stations essence leurs cartes routières. Mais pas qui veut ne
s’improvise cartographe et ces cartes furent de piètre qualité.
Elles étaient pourvues d'erreurs cartographiques par les éditeurs
qui travaillaient sur des données anciennes (parfois d'anciens noms
de rues), faisant un travail rapide et de piètres qualités. Il est
important de critiquer le travail d'un cartographe surtout que nous
sommes à une époque où le monde change extrêmement vite du a une
urbanisation très importante.
Les cartes aux
services de la propagande politique sont travaillées par les deux
auteurs. L'ouvrage de Denis Wood dans l'extrait analysé s'ouvre sur
l'utilisation des cartes dans le cadre politique pour créer une
illusion dans la représentation des votes entre Républicains et
Démocrates. Comme l'ouvrage précédent c'est sur la densité qu'est
joué l'illusion et c'est avec une carte anamorphose qu'on constat la
supercherie.
Les cartes
permettent de cacher les conflits internes d'un pays en « lissant »
son image. La carte met en valeur les éléments que le politique
souhaite montrer en avant. Elle donne plutôt l'ambition ou l'image
souhaitée du politique.
La cartographie
est un élément de politique étrangère comme pour les
revendications territoriales comme le cas du cachemire. Ou les
Falkland et l'utilisation des timbres argentins revendiquant les
Malouines pendant la guerre du même nom. Souvent un gros pays d'une
couleur bien défini devient tout de suite plus menaçant même si ce
dernier est composé de vaste étendue de terres infertiles ou non
mises en valeur. Le choix des figurés et aplats est primordial pour
bien truquer une carte, jouant sur des statistiques grossières
souvent sans comparaison valables. Ces exercices sont bien réussis
dans les années avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'orientation d'un simple figuré peut donner un aspect plus ou moins
menaçant comme l'exemple de l'orientation de missiles nucléaires
lors de la guerre froide notamment. Les cartes ne sont pas un objet
de représentation, mais un outil de pouvoirs.Les relations entre l'histoire et la géographie nous ont été dépeintes de façon très noire et pessimiste. Bien que la lecture est intéressante pour comprendre les « trucs et astuces » nécessaires à avoir l’œil critique sur une carte. Les relations entre histoire et géographies sont interdépendantes bien qu'elles nous sont dépeintes par des aspects peu reluisantes de la cartographie au service des puissants. Une partie importante de sa production est tournée autour de cette problématique. Malgré tous les exemples sont encore très parlante surtout sur les conflits dans l'exemple de la colonisation israélienne ou de l'annexion de la Crimée, les divers protagonistes ne brandissent pas les mêmes cartes.
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