Gregory I. N., Geddes A, Toward Spatial Humanities. Historical GIS & Spatial History, Indiana University Press, Blooming & Indianapolis, 2014, introduction et conclusion.
Lorsque les géographes commencèrent à utiliser le système d’information
géographique à la fin des années 1980, cela fut tout de suite controversé. En
effet, les partisans annonçaient l’ouverture d’un nouveau champ de recherche et
l’intégration de la géographie dans un paradigme informatique. Les opposants quant
à eux dénonçaient le manque de traitement épistémologique, ou le traitement des
situations politiques qui ne pouvaient être vu avec le système informatique…
Cependant ce sur quoi les deux groupes s’accordaient était que GIS devait être
utilisé par les humanités.
Quand ce fut le tour des historiens de s’y atteler, il n'y eu pas de scandale. La première publication dans Social Science History de l’utilisation
de GIS regroupaient des sujets de migration, d’histoire urbaine, et de
croissances économiques qui s’illustraient alors parfaitement par l’utilisation
d’un système d’information géographique. IL fut même question lors d’une
conférence à l’Université d’Essex d'y inclure l’histoire dite « culturelle »
en insérant des recherches GIS sur l’art, la littérature en histoire médiévale
et moderne.
Il existe alors différente définition de GIS. Cependant avec l’apparition
de nouveau logiciel tel Google Earth, il est compliqué d’en donner une
convaincante. Les récentes recherchent montrent que GIS tend à devenir un outil.
GIS est donc plus communément un logiciel qui permet de représenter des
caractéristiques sur la surface de la Terre qui peuvent être analyser.
Il existe deux types de données :
Mr Grégory et Mr Alistaire donne une définition particulièrement
compréhensible de ce que sont ces deux données « the attribute data say
what, when the spatial data say where ».
Ce logiciel permet donc aux chercheurs de diriger leur
recherche d’une nouvelle manière.
Même si les cartes prêtent toujours à discutions, les
chercheurs admettent qu’il est beaucoup plus confortable d’en analyser les
manquements spatiaux que les manquements sociétaux. Par exemple connaître l’emplacement
d’évènements peut être intéressant pour l’historien mais le nombre de crime par
ville peut être sujet à plus de controverse. De fait, ce n’est pas le nombre de
crime qu’il faut prendre en compte mais tous les paramètres sociaux et
économiques.
Les deux challenges majeurs auxquels l’historien doit faire
face sont donc:
-
La
précisions des données qu’il introduit dans le logiciel. Parfois, il n’est
tout simplement pas possible d’établir une suite de données. L’utilisation
de GIS se trouve fortuite.
-
L’utilisation en elle même de GIS requiert des
compétences compliquées. Comme dit la semaine dernière lors du dernier cour, ce
sont des compétences que l’historien doit tenter de maitriser par sa propre
formation.
De fait ce dernier aspect donne de la force aux arguments
positivistes. L’utilisation de GIS requiert un haut degré de précision pour
placer les locations aux bons endroits. Cependant, ces données bien que précises ne donnent pas d’information ou de sens aux sciences de la terre comme aux
sciences sociales. L’utilisation des données spatiales en tant de tel reste
limité à ce quels sont : des points sur une carte.
Cependant, les auteurs rappellent qu’il y a trois avantages
à utiliser GIS :
-
GIS organise les données ce qui permet alors de
les explorer et de les découvrir puisqu’elles sont géocalisables.
-
Les données peuvent être utiliser sur une carte
-
Ces données peuvent donc être analysé.
Les auteurs y ajouteraient un quatrième avantage qui est l’habilité
d’intégrer des sources incompatibles aux premières abords.
Le livre présente alors 6 essaies eux même regroupés en deux parties. La première partie s’intéresse au développement par les universitaires de l’historiographie. Ils tentent de construire une approche spatial de l’histoire. Les sujets évoqués s’interrogent sur le changement de l’agriculture en France et Pays de Galles dû au développement du chemin de fer, du changement de modèle ségrégationniste au Etats-Unis…
La seconde partie elle, explore l’élargissement de cette
technologie à de nouvelles matières.
Ces six essaies prouvent l’immensité du champ de recherche que
GIS ouvre.
En conclusion Grerory et Geddes rappellent que les sujets
étudiés dans ce livre couvrent l’histoire rural, urbaine, démographique,
religieuse et environnemental.
Ces textes démontrent donc l’utilité de GIS dans différemment
domaines. Les auteurs rappellent cependant, que ces recherches ne peuvent se contenter
de carte. En effet, il est important de garder à l’esprit que les cartes ne
répondent pas aux questions qu’elles posent. De plus, le problème majeur est le
« savoir utiliser » cette technologie. Selon eux, il faudrait pouvoir
intégrer l’apprentissage de l’utilisation de GIS dans le cursus des humanités.
Ce logiciel est trop souvent dénigré, de même que toute forme de « digital
approaches »[3].
Puisque bien que limité, les cartes séduisent et permettent une réelle interaction.
L’utilisation de GIS est donc un outil que tout universitaire en humanité ne
devrait pas dénigrer.
Ian Gregory est géographe à l’Université de Lancaster,
utilisateur confirmé de GIS il s’intéresse à l’utilisation de ce logiciel dans
le domaine de l’histoire. Il est actuellement professeur d’approche d’utilisation
spatial de l’histoire.
Allistair Geddes est géographe à l’université de Dundee en
Ecosse, il est lui aussi utilisateur confirmé de GIS et membre de AQMeN
(Applied Quantitative Methods Network). Il s’intéresse à l’utilisation de GIS
dans différente branche des sciences humaines. Mr Geddes est aussi affilié au
programme SAGE (Scottish Alliance for GeoScience Environment and Society).
Time in Historical GIS, Ian Gregory.
Gregory, ici, explique le fait que malgré la volonté des
géographes et historiens à vouloir utiliser GIS, il existe un problème majeur : la
non prise en compte du temps. De fait, GIS permet une approche des donnés
spatiales et attribuées mais pas du temps. Les chercheurs ont longuement insisté
sur l’importance des connaissances spatiales et temporelles pour comprendre l’histoire.
Souvent dans les études de GIS, le temps est sacrifié au détriment de l’espace
ou inversement. Plusieurs chercheurs tel Macdonald et Black insistent sur la
prise en compte capital du temps qui permet de mettre en exergue les relations
territoriales et le développement des cultures. Gregory propose alors plusieurs
solutions pour inclure le traitement du temps dans le logiciel. Pour lui, la
manière la plus simple est de transformer le temps comme une donnée attribuée. Pour
cela, il suffit d’attribuer des nombres pour des dates par exemple. Cependant
cela fonctionne uniquement si la suite de nombre et simple et surtout s’il n’y
a pas beaucoup de date. Nous pouvons également créer des polygones pour représenter
les changements de frontières.
GIS permet alors aux chercheurs de créer des cartes sans
simplifier les lieux ou les dates.
GIS and History, Anne Kelly Knowles
A. Knowles présente un livre qui permet d’expliquer en quoi
GIS change la pratique de l’histoire. De fait, le nombre d’historien utilisant
GIS ne fait qu’augmenter. A. Knowles comme ses collègues soulignent les
principaux problèmes auxquels les historiens peuvent être confrontés avec l’utilisation
de GIS. En effet, les données historiques ne sont pas forcément convertibles en
base de donnée. La recherche historique s’est aussi toujours intéressée aux
mots, à leur interprétation et ne privilégie pas les cartes. L’auteur démontre
également que la division majeure entre la géographie et l’histoire peut être
un frein à l’utilisation de GIS. En effet, la géographie « say where »
quand l’histoire « say when ». De plus, les historiens travaillent, pour la
plupart, seul contrairement aux géographes ce qui peut empêcher l’assimilation
de la technologie GIS. Knowles souhaite
par son article expliquer le contexte intellectuel de l’utilisation de GIS pour
les historiens mais aussi la pratique en elle même de cette méthode, ainsi que
les challenges techniques et conceptuels que lancent GIS.
Les premiers praticiens de l’histoire « spatiale »
furent l’école des Annales. De fait, Fernand Braudel invente le concept de
géohistoire. L’école des annales propose des méthodes pour utiliser les cartes
dans les recherches historiques. Bien qu’Emmanuel Leroy Ladurie fit une
recherche sur le Pays d’oc et Languedoc au moyen âge avec GIS, peu d’historiens
sont convaincus.
Paul Cartes, lui, invente le terme de « spatial history »
dans son livre The road to botany
bay : an essay in spatial history. Il est connu pour son étude des
cartes coloniales et surtout pour sa
critique.
Pour Anne Kewly Knowles, il existe réellement trois domaines
d’études que les historiens pratiquent avec GIS :
- l’étude de l’utilisation du sol et du développement
économique et spatial
- La visualisation des paysages passés ainsi que le
changement d’environnement.
- La création de matériel, de sources techniques pour l’utilisation
des universitaires de GIS.
Pour le premier domaine d’étude, Knowles précise qu’il s’agit
le plus souvent d’étude sur l’environnement et de l’agriculture mais pas
seulement puisqu’elle cite l’exemple de Michael McCormick qui utilise GIS pour
comprendre les connexions entre les personnes et les lieux en Europe. L’utilisation
de GIS permet alors aux historiens de former de nouvelles hypothèses et de
nouveaux types de recherches.
Le second domaine entrevoit des similitudes entre le cinéma
d’animation et le jeux vidéo qui construisent des paysages. Seulement les plans
peuvent également servir l’histoire. L’étude morphologique urbaine est d’ailleurs
souvent évoqué dans certaines recherches. La carte et le plan sont également
adoptés par les professeurs de lycée qui donne à l’histoire un aspect visuel. Cependant
le processus de transformation de source historique pour l’utilisation de GIS
reste compliqué. Il faudrait des années de recherche pour pouvoir utiliser des
données. De plus connaître les points exacts demanderait du travail
supplémentaire en archive.
Le troisième cas est celui qui consiste à faciliter l’utilisation
de GIS. Plusieurs universités dans le monde ont des départements d’études dédiés à ces questions ; par exemple le département de l’Université de Californie
à Berkeley qui s’intitule « Electronic Cultural atlas initiative ».
Ces scientifiques créent des bases de données utiles aux historiens. Par
exemple, les scientifiques travaillant sur le réchauffement climatique ont créé
une base de donnée sur les changements du paysage.
Pour Anne Knowles, le plus gros challenge de GIS serait d’intégrer
le cursus universitaire. Les étudiants en thèse devraient savoir utiliser ce
logiciel. Cependant de plus en plus de personne commence à utiliser GIS en
apprenant par eux même, ce qui dénote un intérêt réel porté à ce logiciel.
Anne Knowles est historienne géographe. Elle est professeur au collège de Middlebury et est rattachée au département de Géographie depuis 2002. Elle est spécialise de l'histoire de GIS.
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