Monday, October 19, 2015

Analyse des textes de Monmonier et Wood



Mark S. Monmonier, Comment faire mentir les cartes ou Du mauvais usage de la géographie, Paris : Flammarion, 1993, pp. 11-95 et pp. 133-176
Denis Wood, Rethinking the Power of Maps, New York / London, The Guilford Press, 2010, chapitres 2 à 4.



Dans l'analyse d'une carte, il faut tous d'abord se pencher sur le choix des projections utilisées et de l'échelle.
Le type de projection est une question aussi épineuse que délicate. Les déformations sont induites au passage sur planisphère, mais quelles déformations choisir ? Celle de l’accentuation des océans, celle de l’hémisphère nord ? Une projection polaire par exemple empêche de voir une grande partie de l’hémisphère opposé. La projection Mercator elle déforme la taille des États-Unis d'Amérique et surtout du Groenland qui devient aussi gros que l'Afrique ! Une projection a l'équateur déforme la taille au plus on se rapproche des pôles. Une projection aux tropiques elle déforme la vraie distance entre les l'équateur et les tropiques. Une fois la projection choisie il faut se demander où centré la carte, car cela répond a des problématiques et des sensibilités diverses.
Le choix des échelles peut impacter beaucoup de choses. Une carte à petite échelle ne permet pas d'apprécier certains détails. Une carte au 1:25000 est idéale pour les routes alors qu'une 1:100000 est idéale pour les randonneurs.
Les formes sur la carte peuvent être réduites ou agrandies comme une route sur les cartes routières (il est aisé de comprendre qu'une route n'a pas la taille à l'échelle de la carte pour mieux la voir). On peut aussi simplifié les formes, en lissant les courbes, mais cela nuit a la bonne représentation du monde.
Le choix des couleurs, mais aussi pourcentage permet aux cartographes peu scrupuleux d'orienté le sens de lecture. Les surfaces plus ou moins grandes faussent également une bonne représentation de la situation. Ce genre d'utilisation est fréquente dans des domaines, politiques, économiques, climatiques, etc.
Il est possible de jouer sur les figurés, leurs tailles, leurs formes, leurs couleurs pour instrumentalisé la lecture via les préconçus psychologique et l'inconscient. La figuration et le choix des symboles est le domaine d'analyse de Denis Wood.
Monmonnier nous rappelle que même l'histoire militaire nous a appris la nécessité d'une bonne carte. Les campagnes américaines furent endeuillées ou plus difficiles par l'absence de ces bons outils comme pendant la guerre de Sécession ou l'invasion de l'ile de Grenade. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands utilisèrent les très bonnes cartes Michelin pour planifier leurs opérations. Cet exemple nous induit aussi sur la non-représentation de certains éléments à but stratégique pour un pays.
Aux États-Unis d'Amérique une grande diffusion des cartes se fait dans les années 70 avec le cas des établissements pétroliers offrant dans les stations essence leurs cartes routières. Mais pas qui veut ne s’improvise cartographe et ces cartes furent de piètre qualité. Elles étaient pourvues d'erreurs cartographiques par les éditeurs qui travaillaient sur des données anciennes (parfois d'anciens noms de rues), faisant un travail rapide et de piètres qualités. Il est important de critiquer le travail d'un cartographe surtout que nous sommes à une époque où le monde change extrêmement vite du a une urbanisation très importante.
Les cartes aux services de la propagande politique sont travaillées par les deux auteurs. L'ouvrage de Denis Wood dans l'extrait analysé s'ouvre sur l'utilisation des cartes dans le cadre politique pour créer une illusion dans la représentation des votes entre Républicains et Démocrates. Comme l'ouvrage précédent c'est sur la densité qu'est joué l'illusion et c'est avec une carte anamorphose qu'on constat la supercherie.
Les cartes permettent de cacher les conflits internes d'un pays en « lissant » son image. La carte met en valeur les éléments que le politique souhaite montrer en avant. Elle donne plutôt l'ambition ou l'image souhaitée du politique.
La cartographie est un élément de politique étrangère comme pour les revendications territoriales comme le cas du cachemire. Ou les Falkland et l'utilisation des timbres argentins revendiquant les Malouines pendant la guerre du même nom. Souvent un gros pays d'une couleur bien défini devient tout de suite plus menaçant même si ce dernier est composé de vaste étendue de terres infertiles ou non mises en valeur. Le choix des figurés et aplats est primordial pour bien truquer une carte, jouant sur des statistiques grossières souvent sans comparaison valables. Ces exercices sont bien réussis dans les années avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. L'orientation d'un simple figuré peut donner un aspect plus ou moins menaçant comme l'exemple de l'orientation de missiles nucléaires lors de la guerre froide notamment. Les cartes ne sont pas un objet de représentation, mais un outil de pouvoirs.
Les relations entre l'histoire et la géographie nous ont été dépeintes de façon très noire et pessimiste. Bien que la lecture est intéressante pour comprendre les « trucs et astuces » nécessaires à avoir l’œil critique sur une carte. Les relations entre histoire et géographies sont interdépendantes bien qu'elles nous sont dépeintes par des aspects peu reluisantes de la cartographie au service des puissants. Une partie importante de sa production est tournée autour de cette problématique. Malgré tous les exemples sont encore très parlante surtout sur les conflits dans l'exemple de la colonisation israélienne ou de l'annexion de la Crimée, les divers protagonistes ne brandissent pas les mêmes cartes.


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