Thursday, October 29, 2015

Lectures : Ian Gregory, Allistair Geddes, Anne Kelly Knowles.

Gregory I. N., Geddes A,  Toward Spatial Humanities. Historical GIS & Spatial History, Indiana University Press, Blooming & Indianapolis, 2014, introduction et conclusion.


Lorsque les géographes commencèrent à utiliser le système d’information géographique à la fin des années 1980, cela fut tout de suite controversé. En effet, les partisans annonçaient l’ouverture d’un nouveau champ de recherche et l’intégration de la géographie dans un paradigme informatique. Les opposants quant à eux dénonçaient le manque de traitement épistémologique, ou le traitement des situations politiques qui ne pouvaient être vu avec le système informatique… Cependant ce sur quoi les deux groupes s’accordaient était que GIS devait être utilisé par les humanités.
Quand ce fut le tour des historiens de s’y atteler, il n'y eu pas de scandale. La première publication dans Social Science History de l’utilisation de GIS regroupaient des sujets de migration, d’histoire urbaine, et de croissances économiques qui s’illustraient alors parfaitement par l’utilisation d’un système d’information géographique. IL fut même question lors d’une conférence à l’Université d’Essex d'y inclure l’histoire dite « culturelle » en insérant des recherches GIS sur l’art, la littérature en histoire médiévale et moderne.
Il existe alors différente définition de GIS. Cependant avec l’apparition de nouveau logiciel tel Google Earth, il est compliqué d’en donner une convaincante. Les récentes recherchent montrent que GIS tend à devenir un outil. GIS est donc plus communément un logiciel qui permet de représenter des caractéristiques sur la surface de la Terre qui peuvent être analyser.
Il existe deux types de données :
-       Les données caractéristiques « attribute data »[1]
-       Les données spatiales « spatial data »[2]
Mr Grégory et Mr Alistaire donne une définition particulièrement compréhensible de ce que sont ces deux données « the attribute data say what, when the spatial data say where ».
Ce logiciel permet donc aux chercheurs de diriger leur recherche d’une nouvelle manière.
Même si les cartes prêtent toujours à discutions, les chercheurs admettent qu’il est beaucoup plus confortable d’en analyser les manquements spatiaux que les manquements sociétaux. Par exemple connaître l’emplacement d’évènements peut être intéressant pour l’historien mais le nombre de crime par ville peut être sujet à plus de controverse. De fait, ce n’est pas le nombre de crime qu’il faut prendre en compte mais tous les paramètres sociaux et économiques.
Les deux challenges majeurs auxquels l’historien doit faire face sont  donc:
-        La précisions des données qu’il introduit dans le logiciel. Parfois, il n’est tout simplement pas possible d’établir une suite de données. L’utilisation de GIS se trouve fortuite.
-       L’utilisation en elle même de GIS requiert des compétences compliquées. Comme dit la semaine dernière lors du dernier cour, ce sont des compétences que l’historien doit tenter de maitriser par sa propre formation.

De fait ce dernier aspect donne de la force aux arguments positivistes. L’utilisation de GIS requiert un haut degré de précision pour placer les locations aux bons endroits. Cependant, ces données bien que précises ne donnent pas d’information ou de sens aux sciences de la terre comme aux sciences sociales. L’utilisation des données spatiales en tant de tel reste limité à ce quels sont : des points sur une carte.
Cependant, les auteurs rappellent qu’il y a trois avantages à utiliser GIS :
-       GIS organise les données ce qui permet alors de les explorer et de les découvrir puisqu’elles sont géocalisables.
-       Les données peuvent être utiliser sur une carte
-       Ces données peuvent donc être analysé.
Les auteurs y ajouteraient un quatrième avantage qui est l’habilité d’intégrer des sources incompatibles aux premières abords.

Le livre présente alors 6 essaies eux même regroupés en deux parties. La première partie s’intéresse au développement par les universitaires de l’historiographie. Ils tentent de construire une approche spatial de l’histoire. Les sujets évoqués s’interrogent sur le changement de l’agriculture en France et Pays de Galles dû au développement du chemin de fer, du changement de modèle ségrégationniste au Etats-Unis…
La seconde partie elle, explore l’élargissement de cette technologie à de nouvelles matières.
Ces six essaies prouvent l’immensité du champ de recherche que GIS ouvre.

En conclusion Grerory et Geddes rappellent que les sujets étudiés dans ce livre couvrent l’histoire rural, urbaine, démographique, religieuse et environnemental.
Ces textes démontrent donc l’utilité de GIS dans différemment domaines. Les auteurs rappellent cependant, que ces recherches ne peuvent se contenter de carte. En effet, il est important de garder à l’esprit que les cartes ne répondent pas aux questions qu’elles posent. De plus, le problème majeur est le « savoir utiliser » cette technologie. Selon eux, il faudrait pouvoir intégrer l’apprentissage de l’utilisation de GIS dans le cursus des humanités. Ce logiciel est trop souvent dénigré, de même que toute forme de « digital approaches »[3]. Puisque bien que limité, les cartes séduisent et permettent une réelle interaction. L’utilisation de GIS est donc un outil que tout universitaire en humanité ne devrait pas dénigrer.

Ian Gregory est géographe à l’Université de Lancaster, utilisateur confirmé de GIS il s’intéresse à l’utilisation de ce logiciel dans le domaine de l’histoire. Il est actuellement professeur d’approche d’utilisation spatial de l’histoire.

Allistair Geddes est géographe à l’université de Dundee en Ecosse, il est lui aussi utilisateur confirmé de GIS et membre de AQMeN (Applied Quantitative Methods Network). Il s’intéresse à l’utilisation de GIS dans différente branche des sciences humaines. Mr Geddes est aussi affilié au programme SAGE (Scottish Alliance for GeoScience Environment and Society).

Time in Historical GIS, Ian Gregory.


Gregory, ici, explique le fait que malgré la volonté des géographes et historiens à vouloir utiliser GIS, il existe un problème majeur : la non prise en compte du temps. De fait, GIS permet une approche des donnés spatiales et attribuées mais pas du temps. Les chercheurs ont longuement insisté sur l’importance des connaissances spatiales et temporelles pour comprendre l’histoire. Souvent dans les études de GIS, le temps est sacrifié au détriment de l’espace ou inversement. Plusieurs chercheurs tel Macdonald et Black insistent sur la prise en compte capital du temps qui permet de mettre en exergue les relations territoriales et le développement des cultures. Gregory propose alors plusieurs solutions pour inclure le traitement du temps dans le logiciel. Pour lui, la manière la plus simple est de transformer le temps comme une donnée attribuée. Pour cela, il suffit d’attribuer des nombres pour des dates par exemple. Cependant cela fonctionne uniquement si la suite de nombre et simple et surtout s’il n’y a pas beaucoup de date. Nous pouvons également créer des polygones pour représenter les changements de frontières.
GIS permet alors aux chercheurs de créer des cartes sans simplifier les lieux ou les dates.

GIS and History, Anne Kelly Knowles


A. Knowles présente un livre qui permet d’expliquer en quoi GIS change la pratique de l’histoire. De fait, le nombre d’historien utilisant GIS ne fait qu’augmenter. A. Knowles comme ses collègues soulignent les principaux problèmes auxquels les historiens peuvent être confrontés avec l’utilisation de GIS. En effet, les données historiques ne sont pas forcément convertibles en base de donnée. La recherche historique s’est aussi toujours intéressée aux mots, à leur interprétation et ne privilégie pas les cartes. L’auteur démontre également que la division majeure entre la géographie et l’histoire peut être un frein à l’utilisation de GIS. En effet, la géographie « say where » quand l’histoire « say when ».  De plus, les historiens travaillent, pour la plupart, seul contrairement aux géographes ce qui peut empêcher l’assimilation de la technologie GIS.  Knowles souhaite par son article expliquer le contexte intellectuel de l’utilisation de GIS pour les historiens mais aussi la pratique en elle même de cette méthode, ainsi que les challenges techniques et conceptuels que lancent GIS.
Les premiers praticiens de l’histoire « spatiale » furent l’école des Annales. De fait, Fernand Braudel invente le concept de géohistoire. L’école des annales propose des méthodes pour utiliser les cartes dans les recherches historiques. Bien qu’Emmanuel Leroy Ladurie fit une recherche sur le Pays d’oc et Languedoc au moyen âge avec GIS, peu d’historiens sont convaincus.
Paul Cartes, lui, invente le terme de « spatial history » dans son livre The road to botany bay : an essay in spatial history. Il est connu pour son étude des cartes coloniales et surtout pour sa critique.
Pour Anne Kewly Knowles, il existe réellement trois domaines d’études que les historiens pratiquent avec GIS :
- l’étude de l’utilisation du sol et du développement économique et spatial
- La visualisation des paysages passés ainsi que le changement d’environnement.
- La création de matériel, de sources techniques pour l’utilisation des universitaires de GIS.
Pour le premier domaine d’étude, Knowles précise qu’il s’agit le plus souvent d’étude sur l’environnement et de l’agriculture mais pas seulement puisqu’elle cite l’exemple de Michael McCormick qui utilise GIS pour comprendre les connexions entre les personnes et les lieux en Europe. L’utilisation de GIS permet alors aux historiens de former de nouvelles hypothèses et de nouveaux types de recherches.
Le second domaine entrevoit des similitudes entre le cinéma d’animation et le jeux vidéo qui construisent des paysages. Seulement les plans peuvent également servir l’histoire. L’étude morphologique urbaine est d’ailleurs souvent évoqué dans certaines recherches. La carte et le plan sont également adoptés par les professeurs de lycée qui donne à l’histoire un aspect visuel. Cependant le processus de transformation de source historique pour l’utilisation de GIS reste compliqué. Il faudrait des années de recherche pour pouvoir utiliser des données. De plus connaître les points exacts demanderait du travail supplémentaire en archive.
Le troisième cas est celui qui consiste à faciliter l’utilisation de GIS. Plusieurs universités dans le monde ont des départements d’études dédiés à ces questions ; par exemple le département de l’Université de Californie à Berkeley qui s’intitule « Electronic Cultural atlas initiative ». Ces scientifiques créent des bases de données utiles aux historiens. Par exemple, les scientifiques travaillant sur le réchauffement climatique ont créé une base de donnée sur les changements du paysage.

Pour Anne Knowles, le plus gros challenge de GIS serait d’intégrer le cursus universitaire. Les étudiants en thèse devraient savoir utiliser ce logiciel. Cependant de plus en plus de personne commence à utiliser GIS en apprenant par eux même, ce qui dénote un intérêt réel porté à ce logiciel.

Anne Knowles est historienne géographe. Elle est professeur au collège de Middlebury et est rattachée au département de Géographie depuis 2002. Elle est spécialise de l'histoire de GIS. 


[1] Ian N. Gregory, Alistair Geddes, Introduction : from Historical Gis to spatial Humanities : Deepening Scholarship and Broadening Technology, p.10
[2] Ibid, p.10
[3] Ibid, p.177

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